Par Julie Peh
L’événement, qui a réuni des théologiens de haut niveau, s’est inscrit dans une double perspective : historique et spirituelle. Il a permis de revisiter l’importance du Concile de Nicée, convoqué en 325 par l’empereur Constantin pour trancher les controverses liées à la nature de Jésus-Christ, particulièrement face aux thèses ariennes qui niaient sa pleine divinité. Trois piliers doctrinaux ont été posés à Nicée : la pleine divinité du Christ, sa consubstantialité avec le Père, et la distinction des personnes divines. Ces vérités, aujourd’hui encore, structurent la foi chrétienne et fondent l’unité ecclésiale.

Le symposium a été ouvert par le Dr Shawn Smith, éminent théologien et ministre ordonné, dont le ministère s’étend sur plus de vingt ans. Fondateur du réseau Gospel of Christ Ministries (GCM), son intervention a posé les bases d’une théologie christocentrique, enracinée dans la Révélation et articulée autour de la centralité de Christ dans la foi et le salut.

Il a réaffirmé la mission fondamentale de l’Église : proclamer la bonté de la personne de Jésus et la perfection de son œuvre.
Parmi les interventions marquantes, celle de l’apôtre Dr François Tchidjé a suscité une attention particulière. Sous le thème : « Christ suprême et la fonction intercessorielle des ancêtres : enjeux théologiques et perspectives pour une christologie contextuelle en Afrique », il a exploré la tension entre l’héritage missionnaire occidental et les traditions culturelles africaines. Refusant de réduire Jésus-Christ à une figure ancestrale, il a plaidé pour une lecture théologique qui reconnaît dans la médiation ancestrale une analogie pédagogique, permettant une meilleure compréhension de la médiation unique du Christ. Il a insisté : « En Afrique, nous avons besoin d’une christologie qui parle notre langue, réveille notre foi et honore notre dignité. »

L’apôtre Théophile Obaker, socio-anthropologue des religions, a quant à lui porté la réflexion sur « La place des nouveaux mouvements religieux dans le dialogue préconciliaire des temps postmodernes ». Il a souligné la nécessité de repenser la dynamique christologique au XXIe siècle dans un monde fragmenté par de nouvelles expressions religieuses, sans jamais perdre de vue l’universalité du salut opéré par la Croix. Pour lui, « confesser le Christ, c’est affirmer sa nature divine consubstantielle au Père, et reconnaître que toute œuvre de salut s’accomplit uniquement en lui. »

Le symposium s’est achevé par une table ronde autour du thème inaugural, « Pour nous et pour notre salut, il s’est fait homme », consolidant les échanges autour de la centralité du mystère de l’Incarnation dans le message de Christ.

Les participants, venus de divers horizons, ont été profondément édifiés par la richesse des interventions et la profondeur théologique des discussions. Ce fut un moment intense de partage, d’échange et d’enrichissement mutuel, dans un esprit fraternel et de quête de vérité.

Ce symposium théologique de Douala n’était pas qu’un retour commémoratif sur le Concile de Nicée ; il a été un acte de fidélité vivante à l’un des moments fondateurs du christianisme. À travers les voix africaines qui se sont exprimées, s’est dessinée une christologie enracinée, exigeante, mais ouverte aux réalités culturelles. À l’heure des défis contemporains, la déclaration de Nicée – « Dieu véritable de Dieu véritable » – demeure un phare. Et l’Église, pour rester fidèle à sa mission, est appelée à proclamer sans compromis cette vérité : le Christ, pleinement Dieu et pleinement homme, est le seul nom donné pour notre salut.