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Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Ce livre qui vient de paraître a indéniablement une teneur scientifique et co-écrit par deux enseignants de l’université de Dschang. Il compte 83 pages structurées en trois chapitres dont la gestion foncière au Cameroun, tension foncière au Cameroun, terre vide et non valorisée au Cameroun. Les auteurs montrent qu’en 2024, le Cameroun a enregistré 85 % des affaires judiciaires liées au foncier.
En effet, au Cameroun le vide foncier est apparent. La terre appartient politiquement à l’Etat à travers la législation foncière et économiquement aux chefs traditionnels cohéritiers fonciers. Pour amoindrir les conflits fonciers au Cameroun, les auteurs montrent qu’il est important d’adopter une approche intégrée qui combine la reconnaissance des droits fonciers traditionnels avec des régulations modernes claires. La formalisation des droits de propriété, le renforcement des mécanismes de résolution des conflits, et l’amélioration de la transparence administrative sont des étapes essentielles pour prévenir et gérer les tensions foncières. Promouvoir un dialogue constructif entre les autorités traditionnelles, les communautés locales, et les acteurs étatiques (mairie, ministères). Le dialogue peut aider à résoudre les tensions et à créer des solutions adaptées aux réalités locales de chaque région du pays. Les politiques de gestion foncière doivent également inclure des mesures pour protéger les droits des communautés vulnérables et garantir une exploitation durable des ressources.
En réalité le conflit foncier au Cameroun est un problème complexe qui nécessite aussi une approche multidimensionnelle et inclusive pour être efficacement adressé. En combinant les connaissances traditionnelles et les exigences modernes, il est possible de construire un système foncier plus équitable et durable, capable de répondre aux besoins des populations tout en soutenant le développement économique et la préservation des ressources naturelles. La gestion proactive des conflits fonciers et la promotion de la cohésion sociale sont essentielles pour assurer un avenir harmonieux et prospère pour le pays.
Les hypothèses de la recherche
L’objectif de cet ouvrage est de fournir une compréhension approfondie des conflits fonciers au Cameroun et de contribuer à la formulation de politiques et de pratiques qui favorisent la stabilité sociale, le développement durable et la justice foncière. Les auteurs y ont développés plusieurs hypothèses. Hypothèse 1: La coexistence de systèmes traditionnels et modernes de gestion foncière est une source majeure de conflits fonciers au Cameroun, en raison du chevauchement des droits et des ambiguïtés dans la reconnaissance des titres. Hypothèse 2: La croissance démographique rapide et l’urbanisation accélérée augmentent la pression sur les ressources foncières et exacerbent les conflits entre les résidents traditionnels et les nouveaux arrivants. Hypothèse 3: La spéculation et les investissements immobiliers génèrent des tensions et des conflits fonciers en modifiant la dynamique du marché et en augmentant les prix des terres, ce qui rend l’accès à la terre plus difficile pour les communautés locales. Hypothèse 4: Les lacunes et les incohérences de la législation foncière et des procédures d’attribution des terres contribuent à l’augmentation des litiges fonciers, en créant de l’incertitude et en limitant l’accès à des recours juridiques efficaces. Hypothèse 5: Les litiges fonciers ont des répercussions importantes sur les communautés locales, notamment des déplacements forcés, des injustices sociales et de perturbations économiques, qui exacerbent les inégalités et les tensions communautaire Hypothèse 6: Les mécanismes actuels de résolution des litiges fonciers, tels que les procédures judiciaires et les initiatives de médiation, sont insuffisantes pour traiter efficacement les litiges et nécessitent une réforme pour améliorer leur efficacité et l’équité. Hypothèse 7: La sensibilisation et l’éducation des populations locales aux fonciers et aux procédures légales peuvent réduire les conflits fonciers en améliorant la compréhension et la gestion des droits de propriété. Hypothèse 8: La coopération dialogue entre les différents acteurs impliqués dans la gestion foncière (autorités locales, communautés, investisseurs, etc.) sont essentiels pour résoudre les conflits fonciers et promouvoir une gestion foncière durable et équitable. Ces hypothèses ont guidé les auteurs dans la collecte et l’analyse des données, qui ont permis d’explorer les causes des conflits.
Une gestion intégrée des conflits
- Une gestion efficace des conflits fonciers est essentielle pour assurer un développement durable et harmonieux au Cameroun. Celà nécessite une approche intégrée qui concilie les droits coutumiers avec les réglementations modernes, assure une plus grande transparence dans les transactions foncières et met en place des mécanismes de résolution des conflits accessibles et équitables. En relevant ces défis, le Cameroun pourra non seulement améliorer sa gestion foncière, mais aussi favoriser un climat de paix et de sécurité propice au développement socio-économique du pays. Il va sans dire que les conflits fonciers au Cameroun sont des phénomènes complexes qui affectent divers aspects de la vie sociale, économique et politique du pays. Ils se manifestent par des tensions et des différends sur la propriété et l’utilisation des terres, et ont un impact profond sur les communautés locales et les mécanismes de développement. Le problème central des conflits fonciers réside dans la diversité de leurs sources, qui incluent Les ambiguïtés juridiques.la coexistence de systèmes traditionnels et modernes de gestion des terres entraîne un chevauchement des droits et des incertitudes en matière de propriété. Les lacunes de la législation et les conflits entre titres coutumiers et formels exacerbent les tensions. Sur les auteurs
Abdoulay Mfewou est professeur en dynamique comparée des sociétés en développement de l’université de Paris cité (Cessma), Hdr. post-doctorat en dynamique des populations à l’institut de démographique (Idup) de la Sorbonne Paris 1. Il est par ailleurs Ingénieur agronome et enseignant à l’université de Dschang au Cameroun. Umaru Hassan Buba est aussi enseignant-chercheur dans la même université, notamment à la faculté des lettres et sciences humaines, au Laboratoire géographie-aménagement. Migrations, dynamiques agricoles et problèmes fonciers dans le Nord Cameroun; Démocratie en Afrique? Yes we can?; L’eau est finie au Cameroun ?; Ville sans lumière Dschang -Cameroun, Nouvelle monnaie et développement sont les ouvrages publiés par Abdoulay Mfeuwou.
