Par Paul Tjeg
Le Centre africain d’étude et de formation sur le développement, la démocratie et la paix (Cefodep) a réalisé une étude portant sur les déplacés internes de la crise sécuritaire qui sévit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. Le rapport y relatif publié en mars 2023, met un accent particulier sur les raisons et les circonstances du départ des personnes déplacées, les éventuelles violences subies ainsi que les conditions et la situation dans la localité qui les accueille.
Les informations recueillies auprès d’un échantillon de 595 déplacés internes font état de ce que plus de la moitié des personnes affectées par la crise anglophone sont des femmes « Plus de 70% des déplacés internes sont des femmes parce qu’elles sont les plus vulnérables en zone de conflit», précise le rapport du Cefodip.En outre, 86 % des personnes interrogées ont reconnu avoir été victimes de violation de droits humains. Il s’agit principalement de séquestrations (28%), de tortures (17%) et de viols (2%). D’autres personnes déplacées déclarent avoir subi plusieurs autres formes de violences (53%) que celles répertoriées par l’étude.
L’Etat demeure la principale entité qui procure une assistance humanitaire à ses compatriotes qui ont trouvé refuge dans les régions de l’Ouest, du Littoral et du Centre. 17% des moyens de subsistance apportés aux personnes déplacées proviennent de l’État, 13% des organisations de la société civile, 11% des associations confessionnelles, 5% des philanthropes et 7% d’autres sources. Dans le même sillage, 5% des personnes déplacées interrogées par le Cefodep, avouent bénéficier de la prise en charge gratuite de l’Etat, d’une Organisation non gouvernementale ou d’un conseil.
Les déplacés internes de la crise anglophone vivent généralement dans une grande précarité. Pour ceux qui ont la chance de trouver un travail rémunéré, le salaire qu’on leur verse oscille généralement entre 30 000 Fcfa et 70 000 Fcfa. «24% ont un salaire de moins de 30 000 Fcfa.17% un salaire compris entre 30 000 et 70 000 et 52% sont dans la catégorie autre, c’est-à-dire dont on ne peut facilement cerner le niveau de revenu» détaille le Cefodep. Une rémunération qui est le reflet du travail pour lequel on les sollicite ou qu’ils exercent. 72% évoluent dans le secteur informel, 13% sont des domestiques, 8% des serveurs dans des bars et des restaurants.
L’étude du Cefodep est loin de refléter les situations inextricables dans lesquelles sont empêtrés les déplacés internes. Comme le reconnaît cette structure, son étude à d’importantes limites qui se rapportent au faible échantillon de personnes interrogées et la durée de l’enquête qui n’a fait qu’un seul mois. Pourtant en 2021, on comptabilisait plus 700 000 déplacés internes répartis à travers le pays.
