Par Serge Aimé BIKOI
L’administrateur civil principal à la retraite et membre de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme pensait qu’aucune question ne devrait être tabou dans le processus de résolution de la crise anglophone y compris celle relative à la forme de l’État. David Abouem À Tchoyi est resté constant dans les positions qu’il défend depuis le déclenchement du conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’ancien gouverneur de ces deux régions anglophones a toujours été favorable à un dialogue approfondi entre l’État et les partisans de la sécession et pensait que la question de la séparation ne devrait pas être éludée dans les échanges . Pour l’ancien ministre d’État, seule la force des arguments et la capacité de persuasion devraient prévaloir pour tenter de faire entendre raison aux adeptes de la division.
Ce technocrate chevronné soutenait que l’État ne doit, plus que jamais, emboucher la trompette de la réconciliation, accepter des concessions et ne pas se lasser de faire la cour à ses “fils” même s’ils ont choisi d’évoluer en marge de la République. “Ce qui nous reste à faire est un travail endogène. C’est nous qui devons réfléchir et voir comment tendre la main, discuter avec ces gens. Il y en a qui la refuseront, c’est sûr. Mais ce n’est parce que deux personnes ont refusé ma main que les dix autres qui ont accepté de la prendre vont être assimilés à ces deux”, explique D. Abouem À Tchoyi lors d’une émission”C’ Politik” diffusée sur les antennes de la télévision nationale.
Très sollicité par les médias, ses nombreuses contributions dans le débat sur la forme de l’État résonnent, ce jeudi, 16 janvier 2025, comme un testament pour la postérité. David Abouem À Tchoyi avait répertorié six facettes du problème anglophone.
- La critique de l’État centralisé
- Le transfert des centres de décision de Yaoundé loin des populations et de leurs problèmes
- Le non-respect des engagements relatifs à la prise en compte, de manière équitable, des cultures et traditions institutionnelles, juridiques et administratives
- Le non-respect des promesses solennelles faites pendant la campagne référendaire
- Le changement du nom de l’État, le remplacement de la République unie du Cameroun par la République du Cameroun
- Le non-respect du bilinguisme dans le secteur public bien que la constitution fasse du français et de l’anglais deux langues officielles d’égale valeur.
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique estimait qu’à l’état actuel de l’enlisement de la crise sécuritaire, la parabole du berger et ses brebis, tirée des Saintes écritures, serait salvatrice pour la résolution du conflit armé dans les zones anglophones. Pour cet expert en sciences administratives, le berger doit aller à la recherche de la 100ème brebis égarée même s’il est encore en possession de 99 autres.