Par Eric Boniface Tchouakeu
C’est en effet en mi-janvier 2021 que les exécutifs des conseils régionaux sont entrés en service à la suite des premières élections régionales de l’histoire du Cameroun organisées le 06 décembre 2020.Prévue dans la constitution du 18 janvier 1996, la mise en place des régions comme collectivités territoriales décentralisées à côté des communes, avaient longtemps été retardée jusqu’à l’éclatement de la grave crise sociopolitique sans précédent toujours en cours dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en fin 2016, suivi un an après du début de l’insurrection séparatiste.
D’ailleurs, le code général des collectivités territoriales décentralisées promulgué le 24 décembre 2019 qui parachève au plan législatif la mise en œuvre de la décentralisation, accorde un statut spécial aux deux régions anglophones, pour tenter de contrer les velléités sécessionnistes. Ces régions disposent par exemple chacune de la chambre des Chefs traditionnels (la House of Chiefs) à côté de la chambre des Délégués des départements alors que les autres conseils régionaux, organes délibérants, sont constitués en chambre unique. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont aussi les seules à disposer chacune d’un médiateur indépendant nommé (Public Independent Conciliator).
Malheureusement tout cela n’a pas permis jusqu’à ce jour de solutionner la crise anglophone.De manière générale et d’un point de vue théorique, les régions sont dotées d’un certain nombre de compétences sur les plans économiques, éducatif, social, sanitaire, culturel et sportif.Durant les quatre premières années de leur fonctionnement, c’est-à dire à un an de la fin du mandat des premiers conseillers régionaux, on n’a réellement pas vu l’impact de l’existence des régions dans la vie de la nation.
Les Présidents des Conseils régionaux ont presque été réduits à inaugurer les chrysanthèmes, et certains Conseils n’ont quelques fois pu organiser que des foires ou forums sans véritable plus-value visible à ce jour.Il convient néanmoins de relever que faute de pouvoir lever des fonds propres, les Conseils régionaux n’ont tenu dans le cadre de leur fonctionnement ,que grâce à l’argent mis à leur disposition par l’Etat central au titre des fonds de la dotation générale de la décentralisation.
La nouvelle loi portant fiscalité locale promulguée en décembre 2024 crée désormais des impôts régionaux. On espère que cela permettra de donner davantage des ressources aux Conseils régionaux afin de leur permettre de remplir les missions qui leur sont confiées par la loi, et rendre ainsi intéressant les élections régionales dont on parle peu en ce moment, normalement prévues en décembre 2025 ,c’est-à-dire après la présidentielle, scrutin le plus important dans le système politique camerounais qui charrie depuis quelques années les passions.