Par Joseph OLINGA N.
Paul Biya, chef de l’État du Cameroun âgé de 92 ans dont 42 au pouvoir a rééditer le scénario de l’annonce de son décès. Annonce souvent nourrit par les silences complices et des confidences manoeuvrieres de certaines personnalités du sérail.
L’épisode 2024 est amplifié par la diffusion par la chaîne de télévision Abs Afric basée à Houston, Usa, d’un reportage spéculatif sur le décès supposé du chef de l’État camerounais, Paul Biya.
Dès le 08 octobre, la toile s’enflamme. Des millions d’internautes prennent le relais des débats de chaumières pour épiloguer sur le décès supposé de l’homme qui préside aux destinées du Cameroun depuis le 06 novembre 1982.
Absence prolongée
Le chef de l’État camerounais quitte le Cameroun pour participer au sommet Chine-Afrique où il a effectivement été vu dans une forme relative aux côtés de son hôte chinois. Quelques jours après, Paul Biya apparaît moins fringant à la cérémonie de commeration du débarquement de Versailles. Une cérémonie au cours de laquelle il prend d’ailleurs la parole au nom des chefs d’États et de gouvernement africains. Puis s’installe une période d’absence. Attendu au sommet France-afrique, Paul Biya n’y sera pas. Encore moins à la 69e Assemblée générale des Nations unies où il a pourtant été annoncé. Des absences qui viennent renforcer la rumeur qui fait déjà son chemin dans l’opinion.
Sur la toile affirmations, démonstrations et échanges enflammés rivalisent d’argumentaires sur l’état de santé du président et la rumeur sur sa mort présumée. La presse, à défaut d’accéder aux sources officielles se fait dubitative.
Longévité au pouvoir
En trame de fond, le débat porte sur la longévité au pouvoir de Paul Biya ainsi que son âge avancé. Des réalités qui font planer des doutes sur la capacité de l’homme à gouverner. Après six mandats exercés sans discontinuer, une frange importante des concitoyens de Paul Biya interrogent l’opportunité pour le président de confier, depuis de nombreuses années,une dérogation au secrétaire général de la présidence de la République, Ngoh Ngoh pour gérer l’essentiel des dossiers du pays. Une préoccupation amplifiée par les échos de frictions émanant de l’entourage du président.
Rempart systémique
Dans l’opposition, les pourfendeurs de l’inamovible président de la République le considère comme le dernier rempart d’un système organisé en prébendes, gangrené par la corruption mais qui reste néanmoins accoudé au maintien de Paul Biya à la tête de l’État. Du coup, la disparition annoncée de “l’homme lion” sonne comme l’ouverture vers une alternance souhaitée depuis le début des années 90.
Entre décentralisation et fédéralisme
L’on ne pense pas moins dans les régions d’expression anglaise du Nord-ouest et du Sud-Ouest. Ici, l’on est aussi convaincu que Paul Biya qui a consacré la décentralisation dans la modification constitutionnelle de 1996 puis 2008 est aussi “le fossoyeur du fédéralisme” que les acteurs de la guerre de sécession présentent comme la panacée au problème anglophone au Cameroun.
Relents de contestations
A l’observation, Paul Biya qui laisse souffler la rumeur de sa mort sait que la tension sociale est à son quasi paroxysme. A cet exercice, l’homme n’est pas à son premier essai. La même carte a été abattu au cours de l’année 2004. Sa réapparition à Yaoundé a fini par convaincre les plus dubitatifs que Paul Biya venait de marquer un point d’avance sur ses adversaires dans la perspective d’une élection pourtant prévue vers la fin de l’année 2025.
La stratégie Biya
A l’unisson, les analystes de la scène politique camerounaise conviennent que la énième annonce du décès de Paul Biya sonne, avec du recul, comme un test d’intérêt de sa personne auprès de ses concitoyens dans une opinion dont une frange piaffe d’impatience. Mais aussi une subtile évaluation de la loyauté de ses lieutenants dont l’adhésion aux idéaux du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) est sujet à interprétations.