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Cameroun > Gouvernance: Les dix erreurs monumentales du Président Biya

En quittant le pouvoir en 2011. L’homme du 06 novembre 1982 n’aurait pas connu les ravages de l’insurrection de Boko Haram qui d’après des estimations provisoires, a fait environ 8 500 morts, 195 000 déplacés internes et 73 900 réfugiés. Ni la crise indépendantiste qui sévit actuellement dans les deux régions anglophones du pays que sont le Nord-ouest et le Sud-ouest.

Par panorama papers
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Par René Mbarga

Le sempiternel Chef de l’Etat serait incontestablement et à raison, apparu aux yeux de la postérité et de l’histoire comme étant celui-là même qui a su maintenir le Cameroun dans la paix, la concorde et l’unité – nonobstant un bilan économique et social, largement mitigé.

Paul Biya a au fil des ans, torpillé lui-même la démocratie camerounaise qu’il a pourtant porté sur les fonts baptismaux au début des années 1990. En modifiant la constitution comme ses autres pairs et en se représentant pour un sixième voire un septième septennat, le successeur d’Ahmadou Ahidjo a raté l’occasion de rentrer dans l’histoire. Corroborant ainsi les propos de James Freeman Clarke : « La différence entre l’homme politique et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération».

I- Vouloir mourir au pouvoir à tout prix…

Après le tonitruant : « Ne dure pas au pouvoir, qui veut mais qui peut » ; le Chef de l’Etat Camerounais a laissé planer le doute sur ses intentions, ou non de demeurer à la tête du pays, en 2025. En répondant à la question d’une journaliste française, lors de la conférence de presse conjointe, tenue le 26 juillet 2022 au palais de l’unité, Paul Biya est resté égal à lui-même ; au moment où d’aucuns lui prête l’ambition d’une transmission dynastique du pouvoir : « Comme vous le savez, le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Et d’après cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans. Alors, essayez de faire la soustraction : 7- 4 ou 3, et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays. Mais, autrement, ce sera su ; quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le fait de savoir si je reste ou si je m’en vais au village. »
A défaut de se faire succéder par son fils Franck Emmanuel Biya en 2025; l’homme du 06 novembre 1982 pourrait bien être tenté par un huitième mandat, le temps d’enterrer définitivement le rêve démesuré de quelques ambitieux de son camp ; comme vient si bien de le faire, son homologue équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, commente un exégète du renouveau. Selon notre interlocuteur, l’idée d’abandonner le pouvoir ne semble pas sous ce postulat, à l’ordre du jour pour le locataire d’Etoudi qui n’exclut pas totalement l’idée d’y mourir comme Omar Bongo Ondimba.

II- N’avoir pas fait de la lutte contre la pauvreté sa première priorité

Au-delà des slogans ronflants et des programmes qui visent davantage à enrichir les pontes de son establishment- il faut ainsi citer : le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (Dsrp) ou encore Document de Stratégies pour la Croissance et l’Emploi (Dsce)- la lutte contre la pauvreté n’a véritablement jamais été au cœur de la politique du père du renouveau national.
En parcourant les budgets de la Présidence de la République du Cameroun de ces dernières années, il est effarant de constater que cette institution engloutie à elle seule, hebdomadairement, au minimum 1 milliard de Fcfa.

Bien plus, l’enveloppe des évacuations sanitaires de l’actuel Chef de l’Etat, de sa famille, des membres de son régime (Ministres, généraux, Dg…) au Val de Grâce, à la Pitié Salpêtrière, à l’hôpital américain de Neuilly, et cetera… coûte des fortunes au trésor public- alors même que les sommes ainsi déboursées auraient bien pu doter le pays, d’hôpitaux dignes de ce nom avec des plateaux techniques conséquents.

Avec une population appauvrie, affamée et mal soignée, Paul Biya n’a pas véritablement choisi de placer le Cameroun sur les sentiers sinueux du développement et de l’émergence, renseigne un économiste sous anonymat : « Notre pays ne se développera jamais avec une population malade et affamée. Au Cameroun, combien de familles peuvent se payer le luxe de trois repas par jour. Combien sont-elles à pouvoir se loger décemment, se vêtir et se soigner ? Le chômage est endémique… Malgré l’échec fracassant de toutes les politiques de création d’emploi, pourquoi le gouvernement actuel persiste-t-il dans ce déni… »

III- Avoir favorisé le tribalisme… diviser les Camerounais pour mieux régner

Si Paul Biya quitte précipitamment le pouvoir (décès brusque), une effroyable guerre civile ou un génocide guettent le Cameroun. Pour asseoir sa longévité, l’actuel Chef de l’Etat a depuis des décennies, manœuvré dans l’ombre, pour assurer une place de choix à son groupe ethnique d’origine les Fang-béti – dans l’armée, les services secrets, le commandement territorial voire la diplomatie- . Comme nous l’avions déjà démontré dans un récent dossier intitulé les piliers du pouvoir de Paul Biya, cette stratégie qui a malheureusement permis au successeur d’Ahmadou Ahidjo d’assurer la pérennité de son régime, n’est pas sans conséquence. C’est manifestement la politique du « diviser pour mieux régner » qui est à l’origine des replis identitaires observés ces dernières décennies- et très récemment encore- à travers la création des associations telles que le groupe Laakam, Essigan, Bamipower ou encore il y a deux ou trois ans, 10 millions de nordistes. Alors même qu’en démissionnant du sommet de l’Etat le 06 novembre 1982, le Premier Président du Cameroun était déjà parvenu à parfaire l’unité du pays, la politique de tribalisation à outrance implémentée par Paul Biya a accentué les replis identitaires. Sous Ahidjo, du Nord au Sud, de l’Est à l’ouest, l’unité nationale et le vivre-ensemble étaient pourtant déjà une réalité palpable, observe le leader d’un parti politique de l’opposition.

IV- Avoir institutionnalisé la fraude électorale, la corruption et la tricherie sous toutes ses formes

La fraude électorale est incontestablement l’épine dorsale du régime de Paul Biya. Avec des élections transparentes et un système électoral cohérent et équitable ; il y a longtemps que l’actuel Chef de l’Etat aurait quitté le pouvoir. En sevrant le peuple de son pouvoir légitime de choisir ses gouvernants, le père du renouveau a également implicitement assassiné la démocratie. Conséquence logique, les parlementaires (Sénateurs, députés…) et même les élus locaux (Conseillers municipaux, maires, et cetera) pourtant logiquement votés par les populations, sont davantage redevables au Président de la République -plutôt qu’au peuple. Cette situation est également à l’origine de la démobilisation observée. Pour environ 28 millions d’habitants, le Cameroun compte aujourd’hui moins de six millions d’électeurs inscrits. Nonobstant tous les mécanismes existants pour lutter contre la corruption (Conac, Consupe, Chambre des comptes, Anif, et cetera…), ce fléau se porte et se développe bien dans notre pays, au point où les montants exigés pour intégrer les grandes écoles sont connus de tous (confère rapport 2021 de l’état de la lutte contre la corruption…). Ces dernières années, les anecdotes d’achats de places aux concours d’entrée à l’Enam et autres ; ont permis de mettre en lumière que ces pratiques hétérodoxes sont favorisées par le régime lui-même.

V- Avoir donné l’Etat et l’administration publique aux Fang-béti et le monde des affaires aux Bamilékés

Contrairement à son prédécesseur qui avait opté pour un savant équilibre aussi bien- dans l’administration publique, à travers le fameux principe de l’équilibre régional que dans le secteur du Business avec des structures comme l’Oncpb, etc… Paul Biya a pris le contre-pied en léguant quasiment l’Etat aux Fangs Béti et les affaires aux Bamilékés ; détenteurs de 99% des licences d’importations. Pour rattraper le gap ; l’octroi de plusieurs centaines de milliards de Fcfa à un homme d’affaires Fang-béti à travers les lignes 65 et 94 ; à également permis à quelques pontes du régime de s’en mettre plein les poches.

VI- Avoir concédé le monopole au poissonnier Congelcam

Propriétaire de Congelcam, entreprise spécialisée dans diverses activités commerciales d’importation et de négoce de poisson- 6ème fortune du Cameroun et vingtième d’Afrique francophone- les avoirs nets de Sylvestre Ngouchinghe sont aujourd’hui évalués à plus de 280 millions de dollars, selon le célèbre magazine américain Forbes.

En concédant le monopole du poisson à Congelcam, l’actuel chef de l’Etat a loupé une autre occasion de diversifier le monde des affaires, déjà globalement aux mains des Bamilékés (Primaire, secondaire, tertiaire). Un haut responsable du Ministère du Commerce l’avait fort opportunément dénoncé il y a quelques années, lors de la soutenance d’une thèse de doctorat Phd à l’université de Yaoundé 2.

VII- N’avoir pas gagné le pari de la rigueur et de la moralisation

Dans une tribune au vitriol publiée le 06 novembre 2020, à l’occasion de la célébration des 38 ans de Paul Biya au pouvoir. Saint-Eloi Bidoung, le maire adjoint de Yaoundé 6ème et membre suspendu du Rdpc n’avait pas ménagé ses camarades de parti et leur président national : « Il y a des images, des symboles, qu’il vaut mieux ne pas choisir pour se faire identifier. Le choix de la flamme en 1985 à Bamenda comme emblème du (Rdpc) était prémonitoire. A travers cet emblème, le parti des flammes venait de nous donner son programme. Le départ du feu était imminent. Le livre de Jacques le fameux Ndongo avait pour titre «Paul Biya: «L’incarnation de la rigueur».

D’ailleurs, le livre est aujourd’hui introuvable, au point de devenir l’ouvrage le plus rare au Cameroun. Selon certaines sources, son érudit auteur n’en parle plus et ne se reconnait plus dans cette œuvre pourtant si chantée et si vantée à l’époque. Quinze années plus tard, le Cameroun arrache le tableau d’honneur du pays le plus corrompu au monde, place qu’il défend avec hargne depuis plusieurs années. La rigueur annoncée et magnifiée avait subi les rigueurs du temps et de l’usure du pouvoir. La moralisation s’était démoralisée face à la réalité. L’homme qui fût présenté et déifié comme «L’incarnation de la rigueur» n’est plus que l’ombre du 6 novembre 1982. Le bilan est pathétique, lourd et éloquent en dégâts matériels. Tout est passé sous la bourrasque des flammes incandescentes du feu de l’emblème du Rdpc : (Fogape), (Sotuc) ; (Mideviv), (Fodic) ont été totalement calcinés. Carbonisées aussi, (Regifercam), Cameroon Airlines, (Camship), la Société camerounaise de tabac (Sct), (Oncpb), la Sodincam, la Biao, La Cameroun Bank, le crédit Agricole du Cameroun, la (Bcd)…Dans les cendres, (Fonader), la Société des sacheries du Cameroun (Ssc), dans un amas de ferraille, (Camsuco), (Scb) admise en chirurgie ortho-faciale de restructuration, le Spectacle effroyable de l’incendie qui a consumé (Alucam), (Lonacam).

Combien d’entreprises sont parties en fumée ? Le bilan est encore difficile à clôturer à ce jour…
Les flammes n’ont d’ailleurs pas encore été circonscrites, le feu couve sous la cendre dans plusieurs entreprises d’Etat et du secteur privé. Quelques biens retirés des flammes, en lambeaux, calcinés en grandes parties. (Labogénie), (Socapalm), (Cicam), (Camtainer), (Snec), plus endommagée par l’eau des pompiers que par les flammes de l’incendie ; la (Sonel) n’a pas pu être sauvée pour cause d’obscurité. La (Sodecoton) a été défigurée par les flammes ; des opérations de chirurgie esthétiques sont engagées. Le feu couve à (Cimencam), (Camtel), (Sonara) partiellement brûlées par les flammes de la concurrence.

Les pompiers sont encore arrivés en retard ; l’incendie de La corruption a ravagé la police. Le corps judiciaire rôti sous les flammes de la corruption. La douane, s’est embrasée, les chiffres ne sont qu’un écran de fumée. Derrière, vous n’y verrez que du feu ! La politique de la «Rigueur et de la moralisation» fût fatale aux fleurons intellectuels du Cameroun qui tombèrent un à un comme dans un effroyable cataclysme. Le très intelligent Jacques «Fameux» Ndongo, auteur de «Paul Biya: l’incarnation de la rigueur» n’avait pas prévu la montée en puissance des sports favoris des camerounais : vol, détournent… Le pire allait arriver quelques années plus tard, quand «Paul Biya: l’incarnation de la rigueur», rappela qu’il était l’incarnation de la rigueur. Malheureusement, il était trop tard et les dégâts sont spectaculaires, un gouvernement en prison. Premiers ministres, ministres d’Etat, ministres; secrétaires généraux de la présidence et secrétaires d’Etat, Directeurs Généraux, majors de l’Enam, des experts en administration publique, des professeurs de droit et des imminents économistes. De tous ses proches collaborateurs, personne n’a compris ce que Paul Biya entendait par «Rigueur et moralisation». Paul Biya souhaita que l’on se souvienne de lui comme l’homme qui a apporté la démocratie au Cameroun. Quand un Président de l’Assemblée nationale trafique les résultats d’un scrutin ou ordonne de brûler les pancartes d’un parti d’opposition qui a tous les droits pour se déployer, on est en face de vieux démons. Quand des partis d’oppositions ont pour programmes politiques des incendies et des casses, est-ce le fait de Paul Biya ? Si au Rdpc on forme les listes de candidatures avec des billets de banque. Si les sous-préfets bourrent les urnes, ce n’est pas sur ordre de Paul Biya.
En apportant la démocratie, il n’avait jamais dit que les sous-préfets interdiront les manifestations de certains partis et autoriseront celles d’autres formations politiques.

Le regret est que, ces personnalités proches du Président, sont les mêmes qui détournent les fonds publics destinés aux projets de développement, influencent à coups de millions, l’admission de leurs enfants dans les écoles. Cela n’était pas écrit dans «Pour le libéralisme communautaire». Ce livre, qui a disparu des bibliothèques ; Pourtant, il devrait être la «Bible» du pouvoir de Paul Biya, celui qui devait inspirer ses créatures dans leurs responsabilités. Très peu ont lu «Pour le libéralisme communautaire».

VIII- Avoir pendant longtemps laissé les pontes de son régime piller le pays

Le Cameroun est le seul pays au monde où les fonctionnaires sont plus riches que les hommes d’affaires s’indigne un propriétaire de média basé à Yaoundé. C’était impensable au temps d’Ahidjo tranche t’il sentencieux. Selon notre interlocuteur, en additionnant les montants détournés par toutes les pontes du régime du renouveau actuellement en détention à Kondengui, le Cameroun payerait la totalité de sa dette bilatérale voire multilatérale. Pourquoi Paul Biya a-t-il laissé faire ? Aux premières années de son règne, l’actuel Président avait demandé « où sont les preuves ? » à ceux qui accusaient les membres de son establishment de piller l’Etat. En implémentant l’opération d’assainissement des mœurs publiques, autrement dit « Opération épervier » il a partiellement répondu à la question, sans toutefois combler les attentes des camerounais, c’est-à-dire, récupérés les fonds détournés.

Par ailleurs, certains contempteurs de Paul Biya pensent qu’en laissant les dignitaires de son régime détourner, il les laisse faire parce que cette situation le permet de mieux les contrôler et de les frapper lorsqu’il en a besoin ; et par ricochet ; à déblayer naturellement et progressivement le chemin à son fils Franck.

IX- Avoir maintenu le Cameroun dans la zone Cfa

Paul Biya refuse de se mettre la France à dos, en restant dans la zone Cfa. Selon un économiste qui a requis l’anonymat, le Cameroun a les moyens de quitter la communauté des francs africains en créant sa propre monnaie. En le faisant, l’actuel Chef de l’Etat devient incontestablement le père de la souveraineté monétaire voire économique du Cameroun.
Tenu dans un carcan vicieux par la France, qui lui dicte quasiment ses quatre volontés, en échange de son fameux « parapluie diplomatique », Biya n’oserait pas quitter le Franc Cfa tranche l’expert.

X- Gouverner à distance…par procuration

Depuis le 05 février 2009, par le truchement du décret n° 2019/043 accordant délégation permanente de signature à Monsieur Ngoh Ngoh Ferdinand, Secrétaire Général de la Présidence ; Paul Biya a transféré une partie de ses pouvoirs à ce proche collaborateur ; dont les « hautes instructions » sont constamment raillées par l’opinion et une partie de la nomenklatura de Yaoundé.

Considéré comme un aéronef sous pilotage automatique depuis des décennies, alors qu’il passait encore le plus clair de son temps à Mvomeka’a son village natal ou à l’hôtel continental de Genève ; Paul Biya qui a délibérément choisi de s’abreuver à la source des rapports tronqués et manipulés que lui servent ses services spécialisés; n’a aucunement l’expérience réelle du terrain. C’est son talon d’achille !

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