Par Joseph OLINGA N.
Les chiffres sont évocateurs. Au cours des douze derniers mois, plus de la moitié des individus ayant eu affaire à la police au Cameroun, ont payé un pot-de-vin, au moins une fois. Le dernier sondage de l’Afrobaromètre indique que 63% des usagers de la police ont payé pour obtenir l’aide de la police. Dans le même temps, un peu plus de la moitié (52%) des personnes interpellées ou convoquées ont déboursé des sommes.
Cette réalité est aussi observable dans les services administratifs du Cameroun. Le document transmis au gouvernement, dans la première moitié de décembre 2023, explique que pour obtenir des documents officiels, 52% des usagers ont dus débourser des sommes exigées par des agents publics. La tendance s’étend aux hôpitaux où 36% de personnes interrogées par les enquêteurs expliquent avoir payé les services des personnels des hôpitaux publics. Dans le système éducatifs 26% des parents et élèves approchés par les équipes d’enquêteurs affirment avoir payé auprès des personnels éducatifs.
Représailles et préjudices
L’investigation fait remarquer que «Dans leur grande majorité, les personnes qui ont été contraintes de verser des pots-de-vin indiquent ne jamais avoir signalé ces cas de corruption.» Dans la réalité, huit camerounais sur dix affirment que les citoyens ordinaires risquent des représailles ou d’autres préjudices s’ils signalent des actes de corruption aux autorités. Deux tiers des camerounais déclarent que la corruption a augmenté dans leur pays au cours des douze derniers mois et, la moitié sont d’avis que «la corruption a beaucoup augmenté». Dans le même temps, plus des trois quarts des camerounais interrogés se sont déclarés insatisfaits de la réponse de leur gouvernement face à la corruption dans l’administration publique.
Le dernier rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac), publié le 23 septembre 2022 souligne que la corruption a plus que doublée au cours des trois dernières années. Selon la Conac, le manque à gagner occasionné par la corruption chez les forces de maintien de l’ordre, les transports, les affaires foncières et les marchés publics était estimée à environ 18 milliards de Francs Cfa. En 2021, les personnels des mêmes institutions ont fait perdre plus de 43 milliards de Francs Cfa à l’Etat.
Indicateurs mondiaux
Les indicateurs mondiaux de la gouvernance estiment la note du Cameroun à 26/100 au courant de l’année 2022. Cet indice fourni par Transparency international situe le Cameroun parmi les pays les plus corrompus au monde. L’évaluation de la fondation Bertelsmann (Bit), sur le Cameroun, est figée à 3/10 depuis 2016. Celles, cumulées, des autres institutions attribuent au Cameroun la note de 3,3/10. Une note inchangée depuis l’année 2017.