Par Mon’Esse
L’eurodéputée française Marina Mesure a, mercredi, saisi la Commission européenne en vue de dénoncer le mauvais traitement réservé aux employés de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) et ayant, en début de semaine, conduit à des émeutes sur les sites de production de Mbandjock et Nkoteng (Centre).
«En application de l’Accord de partenariat économique – Ape – liant l’UE au Cameroun et en vertu des valeurs fondamentales de l’UE, notamment le respect des droits humains (article 2 du traité sur l’UE), la Commission doit impérativement veiller au respect des droits de l’Homme dans ses relations avec le Cameroun. Le fait que l’entreprise Sosucam appartienne à un groupe alimentaire dont le siège se trouve dans un pays membre de l’UE nécessite une attention particulière de vos services, conformément aux directives 2024/1760 sur le devoir des entreprises»,
écrit l’élue de la France Insoumise.
S’adressant directement au commissaire européen au commerce et à la sécurité économique, elle exige que des comptes soient rendus par le groupe français Somdiaa, qui détient 74% des parts dans la Sosucam.
Evoquant les directives de l’UE, elle rappelle qu’elles imposent aux entreprises européennes de respecter les droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne le droit des travailleurs en garantissant une rémunération équitable et satisfaisante pour chaque employé, assurant ainsi à lui-même et à sa famille une existence conforme à la dignité humaine, complétée, si nécessaire, par d’autres moyens de protection sociale.
Cependant, note Marina Mesure, Sosucam semble appliquer une grille salariale proche de celle d’une entreprise esclavagiste, et dont la régularité soulève de nombreuses interrogations.
Les récentes émeutes sur le site, qui ont nécessité l’intervention musclée des forces de maintien de l’ordre, ont fait entre un et cinq morts et plusieurs blessés, côté protestataires et hommes en tenue, selon des sources locales.
Le gouvernement camerounais, qui n’avait pas réagi à ces événements à l’heure où ces lignes étaient écrites avait, en juin 2021, adressé une demande d’explications aux dirigeants de la Sosucam à la suite du licenciement, qualifié d’abusif, de quelque 250 travailleurs sous le prétexte d’une «insuffisance professionnelle».
Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona, organisa en octobre 2024 une session de dialogue regroupant les travailleurs et le top-management de l’entreprise, avec pour ambition affichée la sécurisation des emplois des locaux.