Par Eric Boniface Tchouakeu
A la vérité, la date de la fête nationale du Cameroun découle du référendum organisé le 18 mai 1972 dans un contexte de monolithisme politique, par le premier Président de de la République Ahmadou Ahidjo.
Il avait alors opté pour un état unitaire en procédant à un changement de la forme fédérale de l’Etat, héritée de la réunification intervenue le 01er octobre 1961 du Cameroun Oriental administré par la France d’une part et le Cameroun Occidental alors sous administration britannique d’autre part.
Le territoire avait été inégalement partagé entre ces pays après la perte du Cameroun alors colonie allemande au cours de la première guerre mondiale en 1916.
Le pays deviendra ensuite à la faveur de la constitution du 18 janvier 1996, un Etat unitaire décentralisé. Le Président Ahidjo avait notamment expliqué qu’avec un Gouvernement fédéral et deux Gouvernements fédérés, la forme fédérale coutait cher au jeune Etat indépendant seulement depuis le 01er janvier 1960, et que la nouvelle forme unitaire serait beaucoup moins onéreuse. Mais de l’avis de nombreux analystes, le changement de la forme de l’Etat intervenu en 1972, est l’une des causes profondes de la crise anglophone en cours depuis fin 2016, qui s’est depuis muée un an plus tard en insurrection séparatiste dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Par ailleurs, la marche de l’unité nationale a souvent été gangrénée par des conflits intercommunautaires dans plusieurs autres régions du pays.
Cette année l’événement est célébré en pleine période de pré campagne électorale de la présidentielle attendue entre septembre et octobre 2025 suivant le calendrier électoral, et qui est annoncée comme cruciale pour l’avenir du pays par de nombreux observateurs.
L’approche de cette échéance majeure est notamment marquée par la recrudescence des discours de haine, le tribalisme, et même une sorte de violence verbale dans l’espace public. En dehors du camp présidentiel, toutes les principales forces alternatives proposent dans leur programme, le retour à la forme fédérale de l’Etat dans leurs projets de refondation des institutions ; ce qui remettrait directement en cause si de telles propositions étaient appliquées, le 20 mai comme date de célébration de la fête nationale dont le choix repose uniquement sur la mise sur pied de la forme unitaire de l’Etat.
Par ailleurs, l’histoire du Cameroun ou l’histoire de la conquête des libertés du pays, regorgent de nombreuses dates suffisamment documentés par les experts et beaucoup plus significatives que le 20 mai , qui pourront être choisies pour célébrer la fête nationale.