Par Mon’Esse
Le basculement du Cameroun de l’analogique au numérique, annoncé depuis juin 2015 et marqué par l’avènement de la Télévision numérique terrestre (TNT), n’est toujours pas effectif alors que l’affaire a déjà coûté des milliards de francs au contribuable.
L’arrivée de cette technologie devrait faciliter l’accès des ménages, même ceux situés dans les zones les plus reculées, aux images de TV, et par conséquent, devrait aussi permettre d’améliorer le modèle économique de la Pay-TV.
Ce basculement, annoncé le 17 juin 2015 allait, indiquait-on alors, permettre aux citoyens de bénéficier de 12 chaînes de télévision – 8 nationales et 4 internationales –, réunies dans un bouquet gratuit.
Cette année-là, l’audiovisuel public (Crtv) avait, avec succès, conduit, un projet pilote de Tnt à Douala et Yaoundé, diffusant un bouquet de quelque 15 chaînes locales et étrangères, donnant ainsi les garanties que le pays avait réussi son basculement dans les délais.
La migration de l’analogique au numérique devait également connaître une plus-value au niveau de la téléphonie mobile avec des services à haute valeur ajoutée, permettant alors au Cameroun d’accéder à la 4G.
Alors ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma annonçait, à grands cris, que le président Paul Biya avait décidé de subventionner l’acquisition des décodeurs, en vue de permettre au plus grand nombre d’accéder à la TNT.
Et c’est ici que la cupidité légendaire des dirigeants allait encore s’exprimer dans toute son amplitude, le département de la Communication et les services du Premier ministre, sous la houlette du secrétaire général, Louis Paul Motaze, s’étripant autour des quelque 110 milliards de francs débloqués pour la cause et dont, à ce jour, plus personne ne parle.
Et ce sont encore les mêmes qui se retrouveront en train de se distribuer les premiers 300 décodeurs et télécommandes mis à disposition par l’opérateur chinois StarTimes.
En 2012, le plan de migration au numérique (DSC-MN), devenu Cameroon Digital Televison Project (Cam-DTV) en vue du suivi de la mise en œuvre effective de la télévision numérique, est lui aussi dans la tourmente, pris en étau par les lobbies de la mal-gouvernance.
Les Cameroun avaient fini de tourner la page lorsque, le 13 mars 2025, le président-directeur général de StarTimes, Pang Xinxing, se rappelle au bon souvenir des gouvernants à travers des audiences avec le Premier ministre, Joseph Dion Ngute et le directeur général de la CRTV, Charles Ndongo.
Ce jour-là, l’hôte chinois était venu réclamer au gouvernement le remboursement d’environ de 14,2 milliards de francs, représentant son investissement technique et logistique ayant permis à la Crtv de produire le signal des différentes compétitions sportives accueillies par le Cameroun depuis 2016.
Ce qui est certain, c’est que le contribuable, qui aujourd’hui doit payer un abonnement à un distributeur étranger pour capter la Crtv, est une fois de plus et à l’insu de son plein gré appelé à mettre la main à la poche.
Voici peu, des indiscrétions annonçaient la sélection du belge Studiotech et du local Avilyos en vue de la mise en place, pendant 24 mois et pour environ 90 milliards de francs, du réseau de diffusion Tnt sur l’ensemble du territoire camerounais.