Par Armand Soussia
L’ambassade de Russie à Yaoundé a confirmé avoir transmis un message de félicitations du président Vladimir Poutine à son homologue camerounais Paul Biya, daté du 30 octobre 2025. Cette confirmation met fin aux spéculations sur l’existence d’une communication diplomatique, mais laisse subsister de sérieuses interrogations quant à sa nature et son authenticité.
Selon les informations disponibles, le message réaffirme les “relations traditionnellement amicales” entre Moscou et Yaoundé, établies en 1964, et exprime la volonté de renforcer la coopération bilatérale dans les domaines politique, économique et militaire. Toutefois, le texte intégral n’a pas été publié ni sur le site du Kremlin ni sur celui de l’ambassade, contrairement aux usages diplomatiques habituels.
Les médias indépendants, dont Mimi Mefo Info, ont relevé plusieurs incohérences dans le document diffusé localement : absence d’en-tête officiel du Kremlin, absence de signature du président russe et usage du français au lieu du russe, langue officielle des correspondances présidentielles de Moscou. Ces éléments suggèrent que le texte rendu public serait une traduction ou un résumé préparé par les autorités camerounaises, plutôt qu’un document original.
Pour les observateurs diplomatiques, ce flou pourrait traduire la volonté de la Russie de reconnaître la réélection de Paul Biya sans s’impliquer publiquement dans une élection jugée controversée par une partie de la communauté internationale. Le régime de Yaoundé, lui, y voit une légitimation précieuse à un moment où les critiques se multiplient sur la transparence du scrutin du 12 octobre.
La Russie et le Cameroun entretiennent des relations diplomatiques depuis 1964, marquées par une coopération croissante dans les secteurs militaire, énergétique et éducatif. Moscou a signé en 2015 un accord de coopération militaire avec Yaoundé, et les deux pays ont renforcé leurs échanges dans le cadre des Sommets Russie-Afrique. Toutefois, dans le contexte actuel d’élections contestées, la gestion opaque de cette communication officielle pourrait fragiliser la crédibilité diplomatique du Cameroun sur la scène internationale.
