Par Félix C. Ebolé Bola
De nombreuses autorités publiques de la région camerounaise de l’Extrême-Nord, à la tête desquelles le gouverneur, Midjiyawa Bakary et le préfet du Mayo-Kani, Abdoul Aziz Kpoumie Njoya, ont été prises en otage par des populations vendredi, dans la localité de Kalfou, demandant l’annulation du décret portant création du parc national Ma Mbed Mbed.
Il a fallu l’intervention conjointe du Bataillon d’intervention rapide (Bir) et du Groupement mobile d’intervention (Gmi), ayant usé de gaz lacrymogènes, pour disperser la foule et extirper lesdites autorités de la barrière d’épines érigée par une foule lourdement armée de flèches, machettes et autres lances.
Plus tard, les forces de maintien de l’ordre se sont repliées d’urgence à la base du BIR de Kaélé pour sécuriser les autorités, le gouverneur Midjiyawa Bakary ayant ensuite instruit une descente mixte du BIR et du 40ème bataillon d’appui pour libérer l’axe routier Kaélé-Guidiguis, sur la nationale n°12, bloqué pendant de nombreuses heures par la population.
Le parc national de Ma Mbed Mbed, rappelle-t-on, a été créé en début janvier 2020 par un décret signé du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, couvrant une superficie de 12.708 hectares.
Il s’agissait alors de protéger la faune locale, en particulier les éléphants migrateurs, de renforcer la conservation transfrontalière entre le Cameroun et le Tchad, mais aussi de réduire les conflits entre ces pachydermes et les communautés humaines.
Mais, derrière ce projet de préservation de la biodiversité, se cache une vive inquiétude des populations locales, craignant que la présence des animaux n’aggrave les tensions existantes.
Selon les résidents de Guidiguis et Taibong en effet, deux communes concernées par le projet, le parc risque d’augmenter les déplacements des éléphants au-delà des couloirs migratoires, et ainsi d’accentuer les dégâts dans les cultures agricoles.
Déjà, rappellent lesdites populations, les incidents se sont multipliés entre populations et pachydermes à Kalfou et de Binder Léré, finissant d’installer la méfiance mutuelle.
A Ma Mbed Mbed, le dilemme s’est ainsi installé autour de la gestion des zones protégées dans un contexte de tensions sociales, de menaces écologiques et de besoins de développement.