Avec Lazare Kolyang
Concours à Yaoundé, pauvreté au Nord :
. La majorité des concours de prestige dans notre pays ont un centre unique : Yaoundé. Que ce soit l’Enam, l’ia, l’Iric – pour ne citer que ceux-là –, il faut, pour passer le concours, se déplacer vers la capitale. Cela paraît banal pour certains, mais pour beaucoup de jeunes du Nord, cela ressemble à un parcours du combattant. Imaginez un bachelier de Kaélé, Tokombéré ou Poli, dont les parents n’ont pas les moyens de l’envoyer à l’université, encore moins de lui payer un voyage à Yaoundé, un séjour, et les frais annexes pour un concours. Ce jeune-là est-il réellement à égalité avec son camarade de Bastos ou d’Essos ? Où est l’égalité des chances ?
Ce problème n’est pas isolé. Il est structurel. Il révèle une centralisation excessive, un fonctionnement qui, bien qu’officiellement réformé, n’a jamais été repensé en profondeur pour s’adapter à la diversité géographique et socioéconomique de notre pays. C’est pourquoi, à l’heure où les candidats à la magistrature suprême affûtent leurs programmes, il est impératif que la décentralisation devienne un pilier de leur projet de société. Décentralisation, mais pas seulement sur le papier
Création de nouvelles unités administratives.
La décentralisation ne doit pas être un mot creux, un paragraphe dans un discours de campagne. Elle doit se traduire par des actes concrets : délocalisation des concours nationaux (il est temps que les grandes écoles de l’État organisent leurs concours dans toutes les régions, notamment dans le septentrion), création de nouvelles unités administratives (aujourd’hui encore, dans notre région, certains départements sont plus vastes que plusieurs départements réunis dans le Sud. Il faut rapprocher l’administration des populations), implantation de structures étatiques de formation et d’encadrement (au lieu d’envoyer tout le monde à Yaoundé, pourquoi ne pas créer des antennes d’instituts prestigieux dans le Nord ?), financement équitable du développement local (la richesse de la nation ne doit pas rester concentrée autour du Centre).
La création de nouvelles unités administratives ne sert pas qu’à réorganiser l’espace. C’est un moteur de développement. À chaque nouvelle sous-préfecture, chaque délégation régionale, chaque antenne universitaire, ce sont des emplois créés, des infrastructures construites, des services de l’État accessibles aux populations locales, et surtout, une dignité retrouvée pour des citoyens longtemps oubliés.
Le Nord-Cameroun regarde, écoute et attend. Ce que nous voulons, ce ne sont pas des promesses vagues, mais un engagement clair pour une décentralisation authentique, équitable, territorialement équilibrée. Le 12 octobre, chaque bulletin glissé dans l’urne sera un cri silencieux pour une gouvernance plus proche du peuple. Que chaque candidat prenne ses responsabilités : la décentralisation ne peut plus attendre.
