Avec Eric Hemley.
Tous les candidats sont dans la stratégie de conquête du suffrage des Camerounais, loin des clichés de constipation de notre démocratie. Chaque bloc formé ou nouvellement formé veut se donner les chances de remporter cette élection afin de présider à la destinée de la nation pour un mandat de 7 ans renouvelables selon la réforme constitutionnelle de 2008. La fameuse révision constitutionnelle de 2008, qui a laissé sur le carreau des morts par centaines dans plusieurs villes du Cameroun et un peuple divisé, vidé de son sentiment de changement. Le président Biya, à l’époque en guise de réponse, n’ira pas avec le dos de la cuillère. Il parlera sans le prouver de manière suffisante des apprentis sorciers qui tentent de mettre le Cameroun à feu et sang, sous les applaudissements nourris de ses partisans qui semblaient être d’accord avec la manière forte utilisée par le gouvernement pour juguler cette crise.
Le temps est passé, 2008 est derrière nous. D’autres échanges se sont prêtés au Cameroun. Avec à la clé les mêmes acteurs qui utilisent toujours les mêmes artifices pour séduire ou plaire au président.
Nous avons vu le cours magistral du ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur(Minesup), qui tente d’expliquer, avec éloges, le slogan de campagne du président Biya ” *Grandeur et Espérance”. On a envie de dire quelle maîtrise de la langue de Molière? Pour ce brillant sujet que plusieurs internautes ont rapidement baptisé *le Napoléon III de Nkoladom.* Nous avons remarqué une campagne par procuration avec une dissequation du territoire en plusieurs sous blocs avec pour seul objectif de reciter, à se rompre le cerveau, le nom du président Biya visiblement absent. Pour illustrer cela, plusieurs militants assimilent un tel déploiement à une déclaration d’amour, de respect, de magnificence, nous rappelant les premiers dirigeants à la tête des pays africains : Idi Amin Dada, Mubutu… Qui ne se souvient pas de la grande chorale folklorique du président de l’ex-Zaïre ? Qui chantait à sa gloire. On ne peut pas dire que la quasi-totalité de ces choristes sont aujourd’hui décédés, non, ils regrettent certainement au fond de leur âme cet exercice de culte de personnalité qu’aurait emporté Le président Mubutu dans sa tombe marocaine.
C’est le même état d’esprit qui anime les Camerounais. Ceux-ci ne font rien par conviction, que d’intérêt et de calculs pécuniaires. C’est cela l’art de la politique chez Nous.
A titre d’illustration,
Quand le feu Prof Mendo Ze était à la direction de la télévision nationale, il se faisait une idée d’un amour extrême de la part de ses collaborateurs. Une fois déchu et jeté en prison, il ne ressentait plus la même considération.
Personne pour lui rappeler qu’il était aimé… Personne pour lui rendre une petite visite en prison… Personne pour lui mimer ses meilleures compositions folkloriques à l’oreille.
C’est ce que j’apprécie chez nous les Camerounais. Nous sommes aux antipodes de ce que feu Engelbert Mveng décrivait dans son recueil de poèmes “Balafon” dans lettre à mon ami Confucius.
Triste…
L’amour que plusieurs personnalités et intellectuels déclarent au président Biya n’est pas toujours sincère. En tant que dirigeant, au plus long règne, il devrait s’en méfier et écouter la majorité silencieuse qui ne sait ni faire du bruit, ni réciter les chants sans rythme à la gloire de Paul Biya, l’éternel bâtisseur fatigable selon ma modeste personne.
Pour cette campagne, évitons de l’exagération! Nous avons à faire aux Hommes dans leur dimension morte. Évitons de faire de cette campagne un prétexte trouvé aux affrontements entre communautés, entre partisans, entre dirigeants des formations politiques par personnes interposées. Le Cameroun doit continuer à rester debout, à fonctionner, à satisfaire à ses nouveaux engagements nationaux et internationaux, surtout à rêver d’un retour sans concession au patriotisme opérationnel sur le territoire.
