Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Ne rien bouger, ne rien changer sur l’échiquier où depuis belle lurette tout baigne pour assurer des victoires à la chaîne à chaque élection présidentielle. La stratégie biyaënne serait dont de faire du neuf avec du vieux, échaudée qu’une mise à l’écart d’un maillon de la chaîne pourrait créer un délitement de l’ensemble qui sombrerait sous l’effet domino.
A 91 ans, le successeur constitutionnel de Paul Biya en cas de couac au sommet de l’Etat, le premier président du Sénat, quoi qu’annoncé très affaibli ces derniers temps par la maladie, déjoue toutes les attentes et les pronostics des empressés dans le sérail, pour retrouver son fauteuil longtemps resté vacant pour cause de maladie. C’est désormais de l’histoire l’ancienne car l’ancien vice-président a repris du service, tout jeune, tout beau. A côté de lui, Cavaye Yeguie Djibril, au perchoir depuis 1992, semble oxyder le temps comme son maître, bon pied bon œil, il a regagné le perchoir sans encombre, déterminé d’en découdre pour que celui qu’il n’a jamais trahi ne parte pas d’Etoudi.
Comme on le voit, avec ces deux reconductions à la tête des deux Chambres sous forte discipline imposée par le Rdpc, parti au pouvoir, Paul Biya attend désormais que ses deux amis font des mains et des pieds pour qu’ils soit réélu avec les moyens qui sont les leurs. A l’heure où une éventuelle candidature de Paul Biya ne fait pas l’unanimité auprès de certaines influences de taille à l’exemple de certains dignitaires de l’Eglise catholique, le N’nom Ngui par certe double reconduction réaffirme qu’il est là, et décide selon son bon vouloir. Ceux qui piaffaient d’impatience derrière les rideaux ou dans l’antichambre, savent désormais que les jeux sont faits.
Le statut quo, une sorte de dictature de l’immobilisme, s’il fait les affaires de la vieille garde, donne à rebrousse poil le message à la jeunesse que les vieux seront toujours servis tant qu’ils vivront et les jeunes attendront sagement sous la lumière des vieux. La question préoccupante est de savoir jusqu’à quand les anciens prendront-ils conscience que la jeunesse se nourrit et vit de rêve, et tant qu’il n’y a pas de fleurs qui annoncent la promesse, elle comprend qu’il n’y aura pas de fruits. Ce qui est une source évidente d’opposition.