Avec Jean-Bruno Tagne
C’étaient, pour la plupart, des hommes et des femmes cultivés, intègres, élégants, raffinés, ayant une haute estime d’eux-mêmes, de leurs fonctions et du Cameroun. De véritables hommes d’État. Leurs familles menaient une existence discrète, sans choquer le peuple par leur position privilégiée.
C’était l’époque où l’accession à de hautes fonctions passait par le filtre inévitable et rigoureux d’une enquête de moralité. Il ne serait jamais venu à l’idée d’un agent des renseignements, commis à cette délicate mission, de monnayer son rapport sur une personnalité pressentie pour un poste. Il y avait la rigueur. La vraie.
Puis, vint la nouvelle génération de ministres et hauts fonctionnaires, aussi nombreux et envahissants que la mauvaise herbe. Beaucoup – heureusement pas tous – n’ont aucune considération ni pour eux-mêmes, ni pour leurs fonctions et encore moins pour le pays.
Peu scrupuleux, ils n’ont pas de limites. Ils ne se sont pas fixés des digues.
La chose publique est pour eux un butin qu’ils pillent et se partagent sans vergogne. Eux-mêmes et leurs progénitures s’exhibent fièrement dans un luxe insolent que leurs revenus réels ne peuvent justifier.
Certains affichent ouvertement leur connivence avec des individus à la moralité vacillante et se vantent même de profiter, avec femme et enfants, d’une fausse gentillesse calculée. L’État est en brousse.
Rustres, ils ne connaissent pas la retenue et la discrétion des grands hommes, des hommes d’Etat. Même pas la pudeur des secrets d’alcôves. Leurs coucheries sont publiques et nourrissent la chronique mondaine.
Avec ça aux commandes, il faut plaindre le peuple camerounais.
Paul Biya tout fringant président de la République du Cameroun en 1982 avait promis « rigueur et moralisation ». Il a échoué. Lamentablement. Le vice règne. La débauche est au cœur du pouvoir. Le pays s’effondre.