Par Éric Boniface Tchouakeu
Dans un communiqué publié le 02 mai 2025, une sorte de plateforme de circonstance qui se fait appeler “Groupe de Douala”, qui est selon ses initiateurs, une mise en commun d’organisations de l’opposition héritières de l’Union pour le changement qui avait soutenu John Fru Ndi à la présidentielle de 1992, et de la société civile, annonce notamment que face à l’immense volonté du peuple d’établir enfin un gouvernement soucieux de ses intérêts et la dispersion des forces représentantes de cette aspiration, et dans leur but proclamé de: rassembler le plus largement possible autour d’un accord minimal et d’un candidat, les aspirations du plus grand nombre des camerounais, le dit Groupe a durant les trois derniers mois, mener des consultations relativement à leur objectif recherché en rapport avec le scrutin présidentiel à venir.
D’après encore Cyrille Sam Mbaka, leader de l’Alliance des Forces Progressistes (Afp), et Anicet Ekane, Président du Mouvement Africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), les initiateurs du Groupe de Douala, signataires du Communiqué, ils ont déjà rencontré plusieurs candidats déclarés de l’opposition. Dans leur compte rendu ils affirment que:
le candidat adoubé par le parti Univers, Akere Muna, a chaleureusement reçu leur proposition. Selon lui, la candidature de grand rassemblement tout en étant souhaitable doit obligatoirement s’inscrire dans une logique de transition.
Cabral Libii qui se prépare pour le compte du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) s’est dit ouvert à une logique de plateforme.
Joshua OSIH du Social Democratic Front (SDF) a estimé que cette démarche survient dans un contexte où les équipes du SDF sont déjà mobilisées pour préparer sa participation à la présidentielle comme candidat de ce parti. Sans rejeter le consensus, il a souligné qu’une nouvelle proposition pourrait perturber les préparatifs internes de son parti.
Pour le compte de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, a approuvé la logique de mise en commun des forces. Elle estime que le contenu devrait être discuté. D’ores et déjà, Mme Ndam Njoya en appelle à une organisation commune pour contrôler les procédures du jour du vote.
Le principal opposant Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, a quant à lui clairement admis que leur démarche est juste et conforme aux besoins actuels de l’environnement politique. Aussi, s’est-il déclaré disponible pour rentrer en discussion, bien au-delà de son parti, afin de déterminer ensemble les conditions et exigences d’une telle candidature ainsi que son porte-flambeau.
Cyrille Sam Mbaka et Anicet Ekane déclarent en outre que, malgré des incidents de parcours, ils n’ont pas hésité à continuer les conversations avec des opposants, des concitoyens, dont ceux qu’ils ont cité ne représentent qu’une partie.
Ils remercient au passage ceux qui soutiennent leur démarche et les encourage à en populariser la logique, à formuler des critiques et suggestions, tout en préparant l’échéance d’octobre 2025 par des inscriptions systématiques sur les listes électorales.
Le “Groupe de Douala” va poursuivre sa mission avec les participants déjà connus et d’autres qui le voudraient bien concluent-ils.
L’existence de ce groupe a été annoncée en fin janvier 2025. Et ces concepteurs avaient alors indiqué qu’ils lançaient une initiative pour présenter une candidature forte de l’opposition à la prochaine présidentielle. Avant la mise sur pied de ce groupe, l’Alliance Politique pour le Changement (Cpc), coalition qui soutient la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle, puis l’Alliance pour une Transition Politique (APC) qui a depuis, s’agissant du dernier regroupement cité, enregistré de nombreuses défections avaient déjà vu le jour. Une autre alliance composée notamment des organisations de gauche parmi lesquels des syndicats, pour soutenir le candidat du Social Democratic Front, était aussi en constitution.
Par ailleurs, des congrès ou des conventions ont été organisés pour investir formellement certains candidats rencontrés par le Groupe de Douala, comme candidats au scrutin présidentiel attendu entre septembre et octobre 2025.
Sur le terrain, plusieurs initiatives de levée de fonds auprès du public, lancées par des candidats déclarés dans la perspective du financement de la campagne électorale de la présidentielle ont depuis cours.
Au stade actuel, on a l’impression que certains candidats au sein de l’opposition qui se préparent depuis longtemps pour concourir au prochain scrutin présidentiel, et ayant intégré à l’esprit qu’il est irréaliste de penser que l’opposition présentera un seul porte flambeau, ne peuvent plus faire marche arrière.
Il convient également de relever qu’au-delà des profondes divergences d’idées, de projets et de programmes politiques entre les partis et les candidats d’opposition, la qualité de certains acteurs qui se déclarent « opposants » est fort discutable ; car ils sont en réalité des agents du pouvoir infiltrés dans les rangs de la véritable opposition pour y jouer les troubles fêtes.
Impossible dans ces conditions d’avoir tous les contestataires du régime actuel qui parlent d’une seule et même voix, et à fortiori de les voir représenter à une présidentielle par un seul candidat. Cela n’est jamais arrivé depuis la constitution de l’Etat du Cameroun et n’est pas prêt de se réaliser aujourd’hui, car les fondamentaux en matière de gestion politique du pays depuis l’époque coloniale sont restés les mêmes. Un certain legs colonial se poursuit donc encore à ce niveau.
Le Groupe de Douala semble en avoir conscience et préfère parler de « candidature forte », plutôt que de « candidature unique » de l’opposition à la prochaine présidentielle.
Au finish, le seul mérite du Groupe de Douala pour l’instant est d’avoir pu échanger avec ceux qui apparaissent comme les principaux candidats déclarés à ce jour dans le camp de l’opposition à la présidentielle de cette année.