Par Arlette Akoumou Nga Avec Ecomatin
Selon la Commission de l’Union européenne, 11,7 millions de demandes de visas Schengen ont été déposées dans le monde en 2024. 9,7 millions de visas ont été accordés contre 2 millions de rejets. À la lecture des données compilées par l’UE, l’Afrique a enregistré 2,564 millions de demandes pour 1,835 million de visas accordés et 729 000 visas refusés, soit un taux de rejet global de 28,4%, ce qui a sans doute engendré des pertes sur le plan financier, étant donné que les frais de visas ne sont pas remboursables.
Le Lago Collective, un organisme de recherche et d’art basé à Londres qui suit les données sur les visas européens de court séjour, note que l’Afrique est le continent le plus touché par le coût des refus de visas. Des ressortissants du continent ont payé jusqu’à 70 millions de dollars (environ 40,5 milliards de Fcfa) pour ce cachet. En pure perte. Ce montant est en hausse de 6 millions d’euros par rapport à l’année précédente. Marta Foresti, fondatrice de Lago Collective, dénonce le fait que les pays africains soient touchés de manière disproportionnée, avec des taux de rejet de demandes de visas atteignant jusqu’à 40 à 50 % pour des pays comme le Ghana, le Sénégal et le Nigeria. Elle y voit une «discrimination et des préjugés intrinsèques » dans le processus. Une sorte de politique de racket envers les pays pauvres, en somme, d’autant que ces frais sont non remboursables.

Sur les 163 pays classés, le Top 10 des pays africains ayant le taux de rejet de visa Schengen est occupé par les Comores (62,8%), suivies de la Guinée-Bissau (47%), du Sénégal (46,8%), du Ghana (45,5%). La liste se poursuit avec le Congo (43%), le Mali (42,9%), la Guinée (41,1%), le Burundi (40%) et le Cameroun, qui affiche un taux de rejet de 38,1% avec 31 911 visas validés sur 51 659 demandes formulées.
Il est à noter que le nombre de rejets a baissé de 14,8% à 9,7 millions en 2024. La Commission de l’UE ne donne pas explicitement de raison, mais on constate que depuis le 1er janvier 2024, les citoyens du Kosovo n’ont plus besoin de visa Schengen pour entrer et séjourner dans l’espace Schengen pour une durée inférieure à 90 jours sur une période de 180 jours, ce qui a certainement réduit le nombre de demandes et donc de rejets potentiels.
En revanche, le nombre de demandes a augmenté de 13,5% par rapport à 2023, où les pays de l’espace Schengen avaient reçu 10,3 millions de demandes. Or, « malgré l’augmentation considérable par rapport à l’année dernière, les chiffres restent bien inférieurs à ceux de 2019, avant l’apparition de la pandémie de coronavirus, où près de 17 millions de demandes avaient été déposées », déplore Besart Bajrami, le fondateur de Schengen Visa Info.
Soulignons que le rejet des visas pour les Africains dans l’espace Schengen, principal espace commercial de nombreux pays du continent, peut entraîner plusieurs conséquences néfastes. En plus des pertes financières, cela pourrait avoir un impact sur l’économie africaine avec la réduction des échanges commerciaux.
De plus, dans un contexte où le chômage continue d’être un défi majeur pour la plupart des pays africains, le refus des visas pourrait empêcher les étudiants africains de poursuivre leurs études et les travailleurs de trouver un travail dans l’espace Schengen. Mais au finish, cette situation interpelle les pouvoirs publics africains à trouver une solution pérenne à la disparition des cerveaux au moment où la population africaine, en particulier le jeunes, se tournent de plus en plus vers l’extérieur, « à la recherche de conditions de vie meilleures », soutient la majorité.