Par Arlette Akoumou Nga
Le scrutin du 28 avril se déroule dans un climat tendu dans ce pays du G7 de 41 millions d’habitants, toujours sous le choc des secousses provoquées par les tensions commerciales et les menaces d’annexion du président américain.
Signe que cette campagne est considérée comme exceptionnelle par de nombreux citoyens: les débats entre les candidats ont été très suivis et vendredi, premier jour du vote par anticipation, deux millions d’électeurs ont déposé leur bulletin dans l’urne, un record.
A la sortie d’un bureau de vote de Montréal, Christine Bonenfant explique à l’AFP qu’elle a choisi le parti qui selon elle, “s’en sortira le mieux face à Donald Trump” et ramènera “la sérénité”. Elle “espère que beaucoup de gens iront voter” pour cette élection “importante”. “C’est la première fois que j’hésite autant”, explique Josée Fournier, venue elle aussi voter par anticipation. Le Canada a une “épée de Damoclès” au-dessus de la tête “à cause de la situation avec le voisin du Sud”.
Majorité
Deux partis ont largement dominé cette campagne: les libéraux du nouveau Premier ministre Mark Carney, qui a remplacé Justin Trudeau il y a un mois, et les conservateurs de Pierre Poilievre.
Selon les dernières projections, les Libéraux pourraient être en mesure de remporter assez de sièges pour obtenir une majorité, ce qu’ils avaient échoué à accomplir lors des deux derniers scrutins. Dans le bras de fer commercial qui oppose le Canada aux Etats-Unis, ce novice en politique a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.
Mais aussi de développer le commerce au sein du pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.
Il s’est également engagé à investir massivement dans la défense, l’énergie et le logement, et veut réduire les impôts des ménages les plus modestes. “En recentrant le parti libéral par rapport aux années Trudeau, il a sûrement réussi à convaincre une partie de ceux qui étaient prêts à voter conservateur”, estime Félix Mathieu, politologue à l’université de Winnipeg.
Et puis, “son calme, son pragmatisme rassurent les gens”. “Lors des débats, il a donné l’impression d’être au-dessus de la mêlée”.
“Besoin d’un changement”
A 45 ans, Pierre Poilievre, son principal opposant, est un vétéran de la politique canadienne, élu depuis plus de 20 ans. Chef du Parti conservateur depuis 2022, cet adepte des formules choc a dominé les sondages pendant des mois et semblait promis au poste de Premier ministre.
“Après la décennie libérale, marquée par l’augmentation des coûts, de la criminalité et la chute de l’économie, les libéraux ne méritent pas un quatrième mandat”, a-t-il lancé ce week-end lors d’un événement de campagne.
“Nous avons besoin d’un changement avec un nouveau gouvernement conservateur qui réduira les impôts, construira des logements, libérera nos ressources et renforcera notre économie.” Son style et certaines de ses idées, proches de celles des républicains américains, lui ont aliéné une partie de l’électorat, notamment les femmes, selon les analystes.
Le vainqueur devrait être connu quelques heures après la clôture des bureaux de vote le 28 avril.