Par Adam Newman
La – timide – prise de position était attendue depuis plusieurs jours. Celle de Donald Trump, qui s’est prononcé, samedi 28 décembre, en faveur d’une catégorie de visas spécifique à son pays, la « H-1B », qui permet notamment à la Silicon Valley de recruter des ingénieurs étrangers hautement qualifiés. Une opinion exprimée avec virulence ces derniers jours par son tout nouveau ministre délégué à l’Efficacité gouvernementale, le milliardaire Elon Musk, et son collègue du même département, Vivek Ramaswamy.
Sur le réseau social X, le compère de Musk a asséné que « notre culture américaine a vénéré la médiocrité plutôt que l’excellence depuis bien trop longtemps ». Un avis que ne partagent pas les trumpistes de la première heure, qui accusent les titulaires d’un H-1B de voler des emplois aux ingénieurs américains.
« J’ai toujours cru au programme H-1B. Je l’ai utilisé à de nombreuses reprises », a finalement déclaré Donald Trump dans les colonnes du New York Post, allant dans le sens d’Elon Musk et confirmant qu’en tant que chef d’entreprise, il avait eu recours à ce programme, comme le patron de Tesla et de SpaceX. Ce dernier, d’origine sud-africaine, en a profité par le passé à titre personnel.
Qu’est-ce que le programme de visas H-1B ?
Aux États-Unis, le visa H-1B/H1B1 se destine à toute personne de nationalité étrangère diplômée d’une licence ou équivalent, souhaitant exercer une profession hautement spécialisée. Ces salariés officient souvent, à titre temporaire mais renouvelable, dans des domaines tels que les services liés à un projet de recherche et développement.
Ce visa se place donc comme un outil très utilisé dans le secteur des technologies de pointe, notamment à des postes de techniciens ou d’ingénieurs dont le recrutement s’avère difficile. Mais chaque année, le gouvernement américain limite la délivrance de H1-B à 65 000 nouveaux visas au maximum sur le territoire. Et l’incertitude plane sur l’avenir de ce précieux sésame avec l’arrivée de l’administration Trump.
Pourquoi cette polémique ?
Sur son propre réseau social, l’homme le plus riche du monde regrettait, samedi, que certains partisans du clan Trump soient opposés à ce type de visas : « Faites un grand pas en arrière et allez vous faire foutre », leur signifiait-il, avant de rappeler l’étendue de son influence actuelle. « Je vais partir en guerre sur cette question d’une ampleur que vous ne pouvez pas concevoir », ajoutait-il en guise de point final.
Qui s’oppose aux visas H-1B ?
Parmi les voix s’élevant contre ce programme qui favoriserait l’immigration au profit d’une politique « d’Amérique d’abord », chère à Donald Trump, on retrouve par exemple son ancien stratège, Steve Bannon, qui évoquait ainsi, vendredi dernier, une
« escroquerie des oligarques de la Silicon Valley pour prendre les emplois des citoyens américains ».
Pour compliquer les choses, Donald Trump se contredit à ce sujet, ayant auparavant qualifié ces visas de « très injustes pour nos travailleurs », en prenant d’ailleurs des mesures pour en limiter l’usage lors de son premier passage à la Maison-Blanche au moment du Covid-19, mesures levées depuis par l’administration Biden.
Dans cette bataille sur X, Stephen Miller, futur directeur adjoint de cabinet présidentiel, a ainsi repris un discours Trump datant de 2020 dans lequel il saluait l’Amérique qui a « maîtrisé l’électricité, fissionné l’atome, donné au monde le téléphone et Internet ». Une façon, selon lui, de suggérer que ces inventions ne sont pas le fruit d’une main-d’œuvre étrangère.
Le « président Musk » ?
Et Elon Musk de s’empresser de répondre que Nikola Tesla, qui a inspiré le nom de sa compagnie automobile,
« était un immigré sans un sou dont les inventions ont conduit à la domination de l’Amérique sur la génération d’électricité ».
Pourtant, le camp anti-immigration ne semble pas en rester là. Matt Gaetz, ex-élu au Congrès, y est allé de sa réflexion : « Nous avons accueilli les gars de la tech quand ils sont arrivés en courant vers nous », a-t-il raillé sur X.
« Nous ne leur avons pas demandé de concevoir une politique migratoire »,
lance-t-il directement à l’intention de Musk.
Les multiples interventions d’Elon Musk dans le débat public, la plupart du temps depuis son réseau social, lui valent le surnom de « président Musk » dans le camp démocrate. Le 18 décembre, il s’était notamment opposé à un compromis au Congrès qui empêchait une paralysie de l’État fédéral. Face à la nouvelle polémique, certains y voient un « divorce » entre le monde de Trump et celui de Musk. L’influenceuse conservatrice Laura Loomer persiflait sur X, vendredi :
« J’ai hâte du divorce inévitable entre le président Trump et la Big Tech. »