Par Sandra Embollo
La maire démocrates de Los Angeles, Karen Bass, a décrété mardi 10 juin l’instauration d’un couvre-feu dans le centre de la ville au cinquième jour d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants opposés aux expulsions musclées de sans-papiers. « J’ai déclaré une urgence locale et instauré un couvre-feu dans le centre-ville de Los Angeles pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage », a-t-elle déclaré à la presse, précisant qu’il serait en vigueur de 20 heures locales à 6 heures du matin. « La nuit dernière, 23 commerces ont été pillés, et je pense que si vous traversez le centre-ville de Los Angeles, les graffitis sont omniprésents et ont causé des dommages importants aux commerces et à un certain nombre de propriétés », a-t-elle ajouté.
Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d’origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les sans-papiers et des forces de l’ordre en tenue anti-émeutes. Ces affrontements sont néanmoins restés sporadiques et localisés.
Alors qu’à Washington, Donald Trump, qui fait planer la menace de recourir à l’état d’urgence et a promis de « libérer » Los Angeles d’une invasion d’« ennemis étrangers », a ordonné le déploiement de milliers de militaires supplémentaires, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, tente lui de l’en empêcher, par voie judiciaire. « Cette anarchie ne se poursuivra pas. Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers », a lancé Donald Trump lors d’un discours sur une base militaire. Celui-ci a notamment menacé de recourir à l’Insurrection Act, régime d’état d’urgence qui confère au président le pouvoir d’utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l’ordre sur le territoire américain.
Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président
Quelque 700 Marines, un corps d’élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4 000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d’avoir pris des mesures disproportionnées. Jusqu’à quand ce déploiement de militaires – dont le coût est estimé à 134 millions de dollars par le Pentagone – durera-t-il ? « Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de danger », a répondu le président, alors que la polémique enfle sur la démonstration de force de son administration. « Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre est sans précédent et menace le fondement même de notre démocratie », a dénoncé Gavin Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison Blanche pour 2028. « Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président.»
La garde rapprochée du président a, elle, surenchéri dans la défiance envers les autorités californiennes. Gavin Newsom « mérite le goudron et les plumes », a par exemple affirmé le patron républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson. Interrogé sur la réaction de l’administration Trump face à ces manifestations et celles du 6 janvier 2021, lorsqu’une foule de partisans de Trump avait envahi le Capitole, il a répondu qu’il y avait « une nette différence ».