Par Ilyass Chirac Poumie
La France s’enfonce dans une nouvelle zone de turbulences politiques. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis, ce 6 octobre, sa démission au président Emmanuel Macron, après l’échec de la formation de son gouvernement. Nommé à peine quatre semaines plus tôt pour succéder à François Bayrou, Lecornu n’aura exercé que 27 jours, un record de brièveté sous la Ve République.
Selon un communiqué de l’Élysée, le chef de l’État a “pris acte” de la démission du Premier ministre et l’a chargé de “conduire les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement”.
La crise s’est accélérée dans la nuit du 5 au 6 octobre, après une pluie de critiques visant la nouvelle équipe gouvernementale, jugée trop proche de l’ancien exécutif et incapable de rassembler une majorité stable.
Le Parti socialiste et le Rassemblement national avaient d’ailleurs annoncé leur intention de déposer des motions de censure dès la première séance parlementaire. Chez Les Républicains, Bruno Retailleau a convoqué une réunion d’urgence, dénonçant “une mascarade de gouvernement”.
Sébastien Lecornu a reconnu que “les conditions politiques n’étaient pas réunies” pour mener une action gouvernementale “stable et efficace”. Dans la foulée, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a offert sa propre démission, accentuant la confusion.
Du côté de l’opposition, la gauche réclame désormais la dissolution de l’Assemblée nationale, tandis que plusieurs figures de la droite évoquent la possibilité d’un remaniement express ou d’une “grande coalition républicaine”.
Le président Macron, de son côté, consulte discrètement plusieurs conseillers et anciens Premiers ministres pour “évaluer les scénarios possibles”. Parmi eux, la nomination d’une personnalité “de consensus” ou un retour aux urnes.
Depuis les élections anticipées de 2024, la France vit dans une instabilité institutionnelle inédite : aucune majorité claire n’a émergé, forçant Emmanuel Macron à composer avec des alliances fragiles. La démission de François Bayrou en septembre, suivie de celle éclair de Sébastien Lecornu, illustre l’impasse politique dans laquelle se trouve l’exécutif.
Les marchés financiers ont réagi avec nervosité : le CAC 40 a ouvert en baisse, et l’euro a reculé face au dollar. Plusieurs agences de notation ont mis en garde contre les conséquences d’une nouvelle période d’incertitude, tandis que les observateurs européens s’inquiètent d’un affaiblissement durable de la voix française au sein de l’Union européenne.
