Par Joël Onana
Ce mercredi 15 novembre, la cour d’assises d’appel de Draguignan a confirmé la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité d’un homme de 29 ans, après le calvaire vécu par le fils de sa compagne, mort sous ses coups, à deux ans et demi.
Yassine Argoub avait déjà été condamné à la perpétuité par la cour d’assises des Bouches-du-Rhône en décembre 2022 pour torture ou acte de barbarie sur un mineur ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Comme en première instance, cet Algérien en situation irrégulière écope aussi d’une interdiction définitive du territoire français. Le procès d’appel s’est déroulé dans une salle vide: aucun proche de l’enfant n’est venu suivre les débats. Né prématuré en Espagne, le petit Mohamed a vécu un temps chez sa grand-mère, puis ce cadre a volé en éclats à l’arrivée de M. Argoub dans la vie de sa mère.
Un huis clos familial dans un squat insalubre
Ensemble, ils ont mené “une vie de débrouille, de grand n’importe quoi (…), avec en toile de fond une consommation de produits toxiques”, avait dénoncé mardi l’avocate générale Sylvaine Schumacher, avant de requérir la confirmation de la perpétuité.
Recherchés par la police espagnole, lui pour vols, elle pour escroquerie, pressés par les services sociaux inquiets du sort de l’enfant, le couple est parti vivre à Marseille. Là, sans connaître personne, ils ont vécu en huis clos dans un squat insalubre. Jusqu’à la nuit du 18 au 19 février 2020, quand Yassine Argoub a appelé les secours en expliquant que l’enfant respirait mal après une chute.
L’enfant a en fait succombé à une rupture de l’estomac et il a fallu sept heures d’autopsie pour recenser toutes les lésions sur son petit corps. Certaines remontaient à quelques heures avant le décès, d’autres à au moins plusieurs jours.
La mère avait elle aussi été condamnée
Il portait des traces de coups de tête, de coups de poing, de coups de ceinture, de morsure, un ongle arraché… Il a aussi été projeté contre un mur, comme en témoignaient aussi les traces de son sang retrouvées sur le mur. Pour Mme Schumacher, l’accusé “n’a plus vu en lui un petit être humain mais peut-être un punching-ball, un exutoire à sa colère et à sa frustration”.
Lundi à l’audience, l’accusé a expliqué être tombé par accident sur l’enfant la nuit du drame, tout en continuant d’imputer les coups à son ancienne compagne. Cette dernière, qui était absente le soir du drame, a été condamnée en première instance à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre ferme, pour ne pas avoir cherché à protéger son fils.
“On ne sait pas ce qu’il se passe dans cet appartement. Il y a un vide, donc il y a un doute”.
avait plaidé Me Louis Bensa, avocat de la défense.