Par Joël Onana
Sa prise de parole était attendue par les supporters du Stade Malherbe Caen. Fayza Lamari, mère de Kylian Mbappé, a tenu ses engagements en répondant à toutes les questions au micro d’Ici Normandie sur l’implication du champion du monde 2018 au sein du club normand, malgré la relégation en National cette saison. Propriétaire du club depuis l’été dernier, la star du Real Madrid est critiquée, avec ses conseils, pour ses choix et les mauvais résultats vus tout au long de l’année. «Je crois qu’il est temps, après cette saison éprouvante pour tous les supporters, pour tous les amoureux du club, d’apporter quelques réponses», avance-t-elle en préambule. «Moi j’ai eu de la colère à certains moments de la saison parce qu’effectivement quand on s’attaque gratuitement au président, quand on s’attaque gratuitement à ma personne, on oublie juste de dire pourquoi est-ce qu’on est venu et que c’est notre argent personnel», avoue la mère du capitaine des Bleus, dont la sortie médiatique était réclamée par des supporters en colère face au pathétique spectacle des dernières semaines.
Mbappé a convaincu sa mère de ne pas vendre le club
Prise à partie par les supporters, cette dernière concède avoir vécu difficilement cette séquence. «Des affiches où on m’insultait, où on insultait le président, ajoute-t-elle, faisant référence à celle entrevue cet hiver à D’Ornano (Fayza, les bouseux sont dans la merde). Et je me souviens d’avoir dit à Kylian humblement qu’on ne nous méritait pas et qu’on mettait notre argent et qu’il fallait savoir partir quand on n’était pas désiré. Kylian n’a pas voulu, Ziad (Hammoud, ndlr) n’a pas voulu. Il m’a convaincu du contraire. Et aujourd’hui, ce serait malhonnête de partir car justement, on est aussi venu là pour ces valeurs-là. Donc, je préfère positiver et me dire que, encore une fois, je suis une ancienne sportive, donc je sais ce que c’est que de monter et descendre, c’est de me dire en voyant le positif dans le négatif, même si c’est difficile aujourd’hui de l’imaginer comme ça, c’est peut-être un mal pour un bien.»
Bien sûr que dans l’idéal, on aurait aimé avoir le club six mois avant pour pouvoir préparer. Quand vous récupérez le club au mois d’août et que vous découvrez les cadavres qu’il y a à l’intérieur du club – parce qu’il y en avait – je défie quiconque de venir voir. Et on expliquera par A plus B ce qu’on a découvertFayza Lamari
Fayza Lamari explique aussi à nos confrères la manière dont Kylian Mbappé a racheté le club. «On récupère le club au mois d’août, on commence les discussions en février. Ça fait presque deux ans qu’on sait qu’on va peut-être se positionner sur Caen pour plein de raisons. Ça ne se fait pas en temps et en heure. Bien sûr que dans l’idéal, on aurait aimé avoir le club six mois avant pour pouvoir préparer. Quand vous récupérez le club au mois d’août et que vous découvrez les cadavres qu’il y a à l’intérieur du club – parce qu’il y en avait – je défie quiconque de venir voir. Et on expliquera par A plus B ce qu’on a découvert.» Relancée sur les erreurs commises cette saison, avec notamment trois entraîneurs et le licenciement de l’icône du club, Nicolas Seube, la mère de l’attaquant du Real Madrid plaide ne se défile pas, sans pour autant tout dire: «Il n’y en a pas une, il y en a plusieurs et il y en a qui nous incombent. Et puis il y en a d’autres qu’on a subies tout simplement. L’année dernière, avant la nomination de Nicolas Seube, tout le monde est au plus bas, donc il y a plusieurs erreurs. Lesquelles ? Est-ce que je peux les nommer ? Non, mais il y en a plusieurs, et on est en train de faire le bilan. On est en train de faire l’audit pour effectivement pas réitérer les mêmes erreurs. » Quid du SM Caen en National ?
Sur l’avenir du club, désormais en troisième division, Fayza Lamari prend des précautions oratoires. «On ne lie pas la vente du club à une remontée ou non, avoue-t-elle à la réponse d’un auditeur. Seul, on n’y arrivera pas. On a besoin de tous les acteurs, c’est un travail collectif. C’est tous ensemble que l’on y arrivera. Il faut travailler dans la même direction.»
«Notre rôle aujourd’hui, c’est d’assainir les finances, de revenir à des bases saines, de dépenser que ce que l’on a et de pas être sur de l’hypothétique, et ensuite de reconstruire, parce que ça se construit, une remontée, prévient-elle. Et on l’a bien vu cette année, on avait le cinquième budget et on est descendu. Inversement, on voit bien que les deux premiers aujourd’hui en National, ont cinq millions et trois millions et montent. Et un club comme Valenciennes à 14 millions va rester à quai. Donc, je crois que ce n’est pas une histoire de budget, c’est une histoire de projet. Maintenant, ce qui va être très dur effectivement, c’est de redescendre avec les moyens qu’on a et on a malgré tout, ça se reconstruit.»