Par Joël Onana
Lafarge est jugé depuis le 4 novembre 2025 pour « financement du terrorisme » et violation des sanctions internationales. Selon l’accusation, l’entreprise aurait versé environ 5 millions d’euros à l’État islamique et au Front al‑Nusra pour assurer le passage de ses employés et le transport de matières premières vers son usine de Jalabiya, dans le nord de la Syrie.
Aux États-Unis, Lafarge avait déjà plaidé coupable en 2022 d’avoir fourni un soutien matériel à des organisations terroristes étrangères et accepté de verser près de 778 millions de dollars d’amende. La direction de l’entreprise assure que les faits reprochés concernent des actions anciennes et que les responsables impliqués ne travaillent plus pour Lafarge SA ou ses filiales.
Huit anciens cadres sont également mis en cause et encourent jusqu’à dix ans de prison. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 16 décembre 2025, soulevant des questions sur la responsabilité des entreprises en zones de conflit et le respect des sanctions internationales.
Lafarge avait acquis en 2008 une usine de ciment à Jalabiya pour environ 680 millions de dollars. Lorsque la guerre civile syrienne a éclaté en 2011, l’usine s’est retrouvée au cœur de zones contrôlées par des groupes armés et jihadistes. Pour poursuivre ses activités, l’entreprise est accusée d’avoir négocié avec ces groupes afin d’obtenir protection et accès aux matières premières. Le dossier est suivi de près en France et à l’international comme un exemple inédit de poursuites judiciaires contre une entreprise privée pour financement du terrorisme.
