Par Sandra Embollo
En France, le Premier ministre a déclaré, mardi 14 janvier, lors de son discours de politique générale, qu’il allait remettre la réforme des retraites “en chantier”, en réunissant les partenaires sociaux “dès vendredi”, en vue de trouver un “accord” dans les prochains mois, mais en Asie, plusieurs pays encouragent, eux, le travail bien au-delà des 65 ans.
Au Japon, le géant automobile Toyota vient de commencer à proposer à ses employés de rester dans l’entreprise, sur la base du volontariat, jusqu’à l’âge de 70 ans. Chaque travailleur a le droit de choisir son propre modèle. Normalement, au Japon, les employés peuvent partir à la retraite à l’âge de 60 ans. C’est la limite légale. Mais si vous partez à 60 ans, vous ne recevrez pas une retraite pleine. En gros, vous touchez seulement 75% de votre pension normale. Cela va augmenter, un petit peu, trimestre après trimestre, jusqu’à ce que vous atteigniez vos 65 ans. Là vous avez 100% de vos droits, mais ce n’est pas très généreux. Donc, en compensation, les entreprises doivent proposer à leurs employés qui le veulent de les réengager jusqu’à l’âge de 65 ans. C’est un nouveau contrat. Ces employés font moins d’heures par mois et leurs salaires sont beaucoup plus faibles. Ils sont presque divisés par deux. S’ils cumulent ce petit salaire et leurs retraites, ils ont de meilleurs revenus. C’est pour cela que la plupart des Japonais travaillent jusqu’à 65 ans. Sur la tranche, 60 – 65 ans, le taux d’emploi est ainsi de 85% chez les hommes et de plus de 60% chez les femmes. Toyota, qui reste le plus grand groupe automobile de la planète, vient de commencer à proposer à ses seniors de rester jusqu’à 70 ans, toujours sur la base du volontariat. Le même système s’applique que pour les plus de 60 ans. Vous acceptez un salaire plus faible, mais vous cumulez avec votre retraite qui, elle, augmente en même temps. Pour essayer de convaincre ses employés de rester jusqu’à 70 ans, Toyota a même promis de plus les rémunérer sur la base du mérite. C’est à dire que leur salaire ne sera plus systématiquement divisé par deux.
Compenser la baisse de la natalité
Le constructeur automobile nippon, comme toutes les entreprises du pays, n’a en fait pas beaucoup de choix. Le Japon, qui ne fait plus assez de bébés depuis des décennies, n’a plus assez de travailleurs. Pour faire tourner les usines, les restaurants et les bureaux, il faut que les gens travaillent plus longtemps. C’est exactement le problème démographique que la France va connaître.
La population accepte sans problème de travailler aussi tard. Il n’y a pas du tout de débat ici sur cet âge de départ à la retraite ou la pénibilité de certains emplois. Les gens ont un rapport très très différent au travail. Travailler, c’est avoir un rôle dans la société, c’est s’inscrire dans la communauté. Et c’est souvent, votre principal espace de socialisation. Un Japonais sur deux décide maintenant de travailler jusqu’à 70 ans.