Par Arlette Akoumou Nga
A 77 ans, le président brésilien Lula n’a rien perdu de sa verve. « J’ai la volonté d’un homme de 30 ans », a-t-il assuré vendredi lors de la session de clôture du sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial. Il n’a pas ménagé l’assistance, en assénant quelques vérités sur l’état actuel du monde. A commencer par l’attitude des Européens.
Alors que l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur négocient un accord de libre-échange, le président brésilien a réitéré son opposition à la signature, au regard des demandes européennes sur le plan environnemental, et en particulier de la déforestation. « Je suis disponible pour parvenir à un accord, mais avec cette lettre supplémentaire de l’UE, ce n’est pas possible », a-t-il déclaré, dénonçant une « charge additionnelle » pour son pays. « Cette lettre constitue une menace pour un partenaire stratégique » qu’est le Brésil, a-t-il ajouté.
Zéro déforestation en 2030
Il espère que ceux qui admirent tellement l’Amazonie viendront à la COP30 en 2025 (elle sera organisée dans l’Etat du Para en Amazonie). « Beaucoup parlent de l’Amazonie sans vraiment la connaître », s’est-il emporté. Lula a rappelé son engagement de parvenir à zéro déforestation d’ici à 2030 ; et à restaurer 30 millions d’hectares de terres dégradées en raison de cette déforestation. Lula a pris à témoin le chancelier allemand, Olaf Scholz, invité à se rendre en Amazonie à cette échéance pour constater la véracité de ces propos.
Le président brésilien s’est insurgé contre les pratiques commerciales actuelles. Pourquoi le Brésil et l’Argentine doivent passer par le dollar pour leurs échanges commerciaux, s’est-il interrogé. La Chine et le Brésil devraient pouvoir commercer avec leur propre devise, selon lui. De même, il a égratigné l’attitude des Etats-Unis, accusés depuis 2009 de s’être détournés de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Résultat, le monde a assisté à un retour du protectionnisme.
Réformer le FMI, l’ONU et la Banque mondiale
De manière plus générale, il s’en est pris aux grandes institutions internationales issues de la Seconde Guerre mondiale : « Les institutions de Bretton Woods ne fonctionnent plus et ne correspondent plus aux aspirations de la société du monde. » « Les Nations unies doivent redevenir représentatives, avoir une force politique », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas laisser les institutions fonctionner de la mauvaise manière. » Il faut revoir « leur mode de fonctionnement ».
La question climatique n’est pas « un sujet secondaire », mais « on ne peut pas parler de climat sans parler des inégalités », a-t-il plaidé. Si les inégalités de genre, de salaire, de race, sanitaires et éducatives, ne sont pas traitées de toute urgence, les préoccupations climatiques deviendront « une plaisanterie » par rapport à l’ampleur des problèmes auxquels le monde est confronté. Si le FMI, la Banque mondiale et les Nations unies ne sont pas réformés, « le monde restera le même. Les riches seront plus riches et les pauvres encore plus pauvres ». Preuve que Lula est toujours aussi populaire : sa déclaration a été largement applaudie par l’ensemble des délégations présentes au palais Brongniart, où se tenait le sommet.