Par Sandra Embollo Avec Afp
Le président déchu de Madagascar, Andry Rajoelina, a confirmé avoir « quitté le pays », selon un communiqué de son entourage transmis à l’Agence France-Presse (Afp) dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 octobre. M. Rajoelina, conspué dans la rue depuis plusieurs semaines par des manifestants, est parti entre le 11 et le 12 octobre après que « des menaces explicites et extrêmement graves ont été proférées contre la vie du chef de l’Etat », précise ce communiqué.
C’est la première fois qu’Andry Rajoelina reconnaît son départ depuis que Radio France internationale (Rfi) avait annoncé son exfiltration, dimanche, par un avion militaire français. Lors d’une allocution lundi, il avait dit s’être réfugié dans un « lieu sûr », sans plus de précision. Le colonel Michaël Randrianirina, qui doit être investi président vendredi, a déclaré mardi que son unité militaire prenait le pouvoir après un vote de destitution de M. Rajoelina par l’Assemblée nationale – que le président avait dissoute quelques heures plus tôt.
Les « menaces » contre le président déchu sont intervenues « alors qu’il devait partir en mission à l’étranger », indique le communiqué : « Pour effectuer ses missions et se protéger, il a quitté le pays. »
Installé une première fois au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, quand il avait été désigné par les militaires après un soulèvement populaire, Andry Rajoelina, 51 ans, qualifie les procédures l’ayant destitué de « violations constitutionnelles ». La décision de la Haute Cour constitutionnelle d’inviter le colonel Randrianirina à devenir le nouveau chef de l’Etat « laisse supposer l’existence d’actes de corruption », d’après M. Rajoelina. Quant au vote de destitution de l’Assemblée nationale, il « fait également soupçonner une coordination avec la faction militaire », accuse-t-il. Le colonel Randrianirina a annoncé mercredi, dans un communiqué signé de sa main et diffusé par la télévision publique, qu’il « prêtera serment [vendredi] en qualité de président de la refondation de la République de Madagascar ». « Ce n’était pas un coup d’Etat, c’était une prise de responsabilité parce que le pays est tombé au bord du gouffre », s’est-il défendu auprès de chaînes de télévision malgaches.
Un comité d’officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la police doit superviser une refonte des institutions. Le mouvement Gen Z, mené par les jeunes et qui a lancé les manifestations à partir du 25 septembre, a salué l’intervention du colonel Randrianirina.
