Par Joël Onana
La nouvelle offensive lancée à l’aube dans l’est de la République démocratique du Congo par le M23 et des forces rwandaises démontre que le cessez-le-feu décrété unilatéralement par le groupe cette semaine était “un leurre”, a déclaré mercredi 5 février Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais.
“C’est bien la preuve que le cessez-le feu unilatéral qui avait été décrété était comme d’habitude un leurre, a déploré le porte-parole. Des troupes ont traversé nuitamment la grande barrière de Goma pour attaquer la cité de Nyabibwe. Elles font face actuellement à une réponse des FARDC plus que déterminées à défendre la patrie”, a-t-il ajouté.
Après avoir lancé une offensive la semaine dernière sur Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, le M23 avait décrété unilatéralement un cessez-le-feu humanitaire censé être en vigueur depuis mardi. Le groupe rebelle et les troupes rwandaises ont pourtant initié à l’aube d’intenses combats contre les forces armées congolaises dans le Sud-Kivu, selon des sources sécuritaires et humanitaires à l’Afp.
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves conclus entre les deux parties n’ont pas été respectés dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans. Dans cette région explosive, meurtrie par plusieurs décennies de conflit, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses ressources naturelles. Sur le plan diplomatique, le gouvernement congolais a exhorté la communauté internationale à prononcer des sanctions contre Kigali. “Nous voyons beaucoup de déclarations mais nous ne voyons pas d’actions”, a déploré mercredi devant la presse la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, à l’issue d’une rencontre à Bruxelles avec son homologue belge Maxime Prévot.
Le 3 février, la présidence kényane a annoncé la participation des présidents congolais et rwandais samedi à Dar es Salaam à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (Eac) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc). Si Kigali a indiqué que le président rwandais a décidé de participer à ce sommet, les autorités de RD Congo n’ont pour l’heure pas confirmé la venue de Félix Tshisekedi. Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu doit auparavant se réunir en urgence vendredi, à la demande de Kinshasa, pour évoquer la crise.
Le procureur de la CPI suit “les événements de près”
De son côté, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué mercredi qu’il suivait de près la situation dans le pays.
“Le bureau suit les événements actuels de près, y compris la grave escalade de la violence au cours des dernières semaines dans l’est de la Rdc, en particulier à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, et dans ses environs”.
a-t-il déclaré dans un communiqué.