Par Sandra Embollo
«L’État du Panama a donné son accord pour ne plus faire payer aux navires de l’État américain la traversée du Canal de Panama », s’est félicité le département d’État sur le réseau social X, ajoutant que cela « va faire économiser des millions de dollars à l’État américain ».
Mais l’Autorité du Canal de Panama, un organisme indépendant créé par la Constitution panaméenne pour administrer le canal, a rapidement démenti. « L’Autorité du Canal de Panama, qui a le pouvoir de fixer les péages et autres droits pour le franchissement du canal, annonce qu’elle n’a procédé à aucun ajustement de ces droits », a-t-elle écrit dans un communiqué sur X.
Elle a ajouté cependant être « disponible pour établir un dialogue avec les fonctionnaires compétents des États-Unis concernant le passage des navires de guerre de ce pays ». Les gouvernements américain et panaméen prévoient de nouveaux pourparlers vendredi sur le canal, par lequel transite 5 % du commerce mondial et dont les États-Unis et la Chine sont les principaux usagers.
Des menaces répétées de Donald Trump
Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal entre l’Atlantique et le Pacifique construit par les États-Unis, inauguré en 1914 et qui était resté sous souveraineté américaine jusqu’en 1999. Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d’un accord conclu en 1977 avec le défunt président démocrate de l’époque Jimmy Carter.
Dès le mois de décembre, le futur président américain était parti à l’assaut du canal sur son réseau social Truth Social, ce qui lui avait valu une réponse ferme du président Mulin : « En tant que président, je souhaite exprimer clairement que chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartiennent au Panama et continueront à lui appartenir. La souveraineté et l’indépendance de notre pays ne sont pas négociables. »
En janvier, dans son discours d’investiture, Donald Trump était revenu à la charge. « Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n’aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n’a pas été tenue », avait-il déclaré M. Trump, en affirmant que les navires américains étaient « gravement surtaxés » et que le canal profitait surtout à la Chine. Selon Washington, l’influence croissante de la Chine autour du canal menace les intérêts américains et pourrait permettre à Pékin de bloquer cette voie maritime stratégique en cas de conflit.
Marco Rubio en service commandé
En visite dimanche au Panama, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait laissé entendre que le président panaméen, José Raul Mulino, avait pris note des préoccupations des États-Unis concernant les péages imposés aux navires militaires américains. Pendant la visite de M. Rubio, le président panaméen avait, en outre, annoncé que son pays ne renouvellerait pas le mémorandum d’accord sur la participation du pays au projet mondial chinois d’infrastructures dit des « Nouvelles routes de la soie ». Conclu en 2017, ce mémorandum avait fait du Panama le premier pays de la région à s’associer à ce programme de Pékin. Il est renouvelé tous les trois ans par tacite reconduction, la prochaine échéance étant en 2026.