Par Arlette Akoumou Nga Avec Rfi
Et les séjours de Léon XIV l’ont notamment mené à Kinshasa, d’où le révérend père Olivier Gangola Bawa a suivi l’élection du nouveau pape ce jeudi 8 mai.
« Pour moi, c’était une grande surprise, qui m’a affecté jusqu’à ce que je commence à pleurer, puisque je ne m’y attendais pas. Et le voir au balcon, c’était pour nous une grande joie, une émotion impossible », témoigne-t-il.
Le vicaire régional des Augustins au Congo a également été très ému par ses premiers mots en tant que pape, apportant un message de paix et d’unité.
Plusieurs séjours en Rdc
Le pape, qui ne s’est pas contenté d’aller à Kinshasa, a parcouru plus de 2 000 kilomètres, jusqu’à Issiro, en avion. Il a ensuite pris la route pour rejoindre la paroisse de Doungou, dans le Haut-Uélé.
Le père Michel Mivunguba Kaneru, à l’époque, a fait partie de ce long voyage éprouvant. « Il a voulu faire l’expérience de ce que nous, on fait. On s’est rendu là où on devait se rendre, on a parcouru de grandes distances, avec des conditions de route très difficiles. Il les a acceptées, se souvient-il. Il a logé dans les conditions que nous lui avions préparées, il a mangé ce qu’on a mangé, il n’a pas exigé autre chose. Quand on a entendu “Robert Prevost”, nous avons tous crié, nous étions nombreux au salon. Quelle émotion ! On n’a pas su se contenir. »
« Un homme méditatif, mais discipliné »
Émotion jusqu’à Doungou, près de la frontière avec le Soudan du Sud, où une communauté est encore présente aujourd’hui. Sept frères augustiniens, dont le père Blaise Mbiko Yezu, étaient là lorsque Léon XIV est venu en 2010.
Il s’est montré fort, il était épanoui avec les confrères. C’est quelqu’un qui n’a pas de limites, qui peut rentrer dans le monde, non seulement des grands, mais aussi des plus petits. Nous avions toujours les vêpres à 18h30, et il était toujours le premier. Il est un homme méditatif, mais aussi discipliné pour ce qui concerne sa vie spirituelle.
Le père Blaise verrait bien le centre de formation professionnel tenu par les frères augustiniens à Doungou être bientôt baptisé Léon XIV.
« L’essentiel, c’est de voir ce pape parler aux grands pour qu’ils tiennent compte des petits et des oubliés »
Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda Mulenga est évêque de Mbuji-Mayi, au Kasaï oriental, un diocèse d’une population de 4 millions d’habitants dont environ la moitié sont catholiques. Il a confié à Rfi avoir accueilli l’annonce de l’élection de Léon XIV avec « beaucoup de joie, beaucoup d’allégresse. Nous avons quand même maintenant un pasteur à la tête de notre église pour vraiment gouverner et surtout cristalliser l’unité des chrétiens. Et ça, c’est très important pour nous. Ça m’a fait beaucoup de joie. »
Cette élection correspond à ses attentes. « Le pape choisit le nom en rapport avec son prédécesseur qui est Léon XIII et qui nous indique déjà sa mission. Il va rechercher l’unité. Il va nous demander de regarder surtout les pauvres et les déshérités. Tout cela est résumé dans ce qu’on appelle la doctrine sociale de l’Église. Léon XIII, son prédécesseur, nous a laissé ce qui fait pour nous le grand pilier de notre mission par rapport à la société. C’est très important. Il a parlé même des pauvres. C’est justement établir des dialogues, même avec des personnes qui ne croient pas comme nous, mais qui peuvent quelque part comprendre qu’on peut se retrouver sur la dimension humaine, la dignité humaine. Et là donc, le pape est pour nous vraiment un éclaireur, une référence pour chez nous », ajoute Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda Mulenga.
Les défis ? Il y en a au niveau de notre Afrique et au niveau mondial. Et au niveau de l’Afrique, par exemple, s’il est dans le sillage de François, le pape l’a dit sans honte et sans peur, ôtez vos mains de la Rdc et de l’Afrique. Donc là, le pape est appelé à combattre la pauvreté, le sous-développement, le pillage des ressources naturelles. Ça va de pair aussi avec les conflits inter-ethniques et les luttes armées. Et au niveau du monde, là, on voit, il y a des problèmes en rapport avec ce que je peux dire : la décléricalisation de l’Église. Comme le pape l’a dit, le pape François, on parle des abus sexuels au sein du clergé catholique. Tout cela, ce sont là pour nous des questions que le pape aura à résoudre. Pour nous, le plus essentiel, c’est de voir ce pape ici parler aux grands pour qu’ils tiennent compte des petits et des oubliés. La fin de la guerre, la paix. Ce sont là des défis réels auxquels il aura à faire face.