Par Joël Onana
Ce lundi 24 février, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a fait le déplacement à Kiev avec l’ensemble du collège des commissaires. Elle vient, selon ses mots, exprimer le soutien indéfectible de l’Europe à l’Ukraine dans son combat pour l’indépendance et la liberté, trois ans après le début de l’agression à grande échelle menée par la Russie.
Elle co-préside avec Volodymyr Zelensky une réunion entre le collège des commissaires et le gouvernement ukrainien, Antonio Costa, le président du Conseil européen, sera également présent, tout comme le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez.
Selon le président ukrainien, une douzaine de dirigeants d’Europe et d’ailleurs, dont le Premier ministre canadien Justin Trudeau, sont présents ce lundi dans la capitale ukrainienne. Vingt-quatre autres ont prévu d’apparaître par liaison vidéo.
L’espoir que ces discussions aboutissent à un «tournant»
Après le revirement américain, Volodymyr Zelensky compte ses soutiens. Il espère que les discussions prévues pourront aboutir à un « tournant ». C’est en tout cas ce qu’il a dit dimanche 23 février au cours de sa grande conférence de presse.
Les alliés européens tentent de trouver leurs réponses, alors que Russes et Américains semblent déterminés à parler d’Ukraine sans l’Ukraine et sans les Européens. L’idée est donc d’avancer des pistes avant un sommet spécial consacré à l’Ukraine prévu pour le 6 mars prochain. L’Union européenne a d’ores et déjà imposé ce lundi un seizième train de sanctions contre la Russie. « Depuis trois ans, la Russie bombarde sans relâche l’Ukraine, espérant s’approprier des terres qui ne lui appartiennent pas », a dénoncé la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne Kaja Kallas dans un communiqué. « Chaque paquet de sanctions prive le Kremlin des fonds nécessaires pour mener cette guerre », a-t-elle assuré.
La cheffe de la diplomatie de l’UE a également annoncé qu’elle se rendrait aux États-Unis mardi pour échanger avec le secrétaire d’État Marco Rubio. « Je pense qu’il est important que nous ayons autant d’interactions avec la nouvelle administration américaine que possible », a-t-elle déclaré, en référence à la visite du président français Emmanuel Macron à Washington.
C’est la première fois que la cheffe de la diplomatie de l’UE se rend aux États-Unis depuis que Donald Trump a prêté serment. Son déplacement intervient après des menaces répétées du président américain sur le commerce et la défense. Une Europe divisée sur la question de l’aide militaire
Depuis que l’armée russe a lancé il y a trois ans une « opération militaire spéciale » contre l’Ukraine, une partie de la communauté internationale, dont certains pays — principalement les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne – ont très vite mis en place des sanctions économiques contre la Russie. Mais au sein de l’Union européenne, la question d’une aide militaire divise.
Si le soutien total de l’Union européenne à l’Ukraine se chiffre aujourd’hui à plus de 134 milliards d’euros, soit plus que les États-Unis qui ont versé 114 milliards d’euros, ce chiffre cache une réalité : l’Union européenne n’est pas à l’unisson sur le dossier ukrainien. D’ailleurs, ce n’est pas un pays membre de l’Union européenne qui a décidé de débloquer une aide militaire en premier, mais le Royaume-Uni. Très vite, des divisions sont apparues. Alors que les pays frontaliers avec la Russie, ainsi que la Pologne, ont rapidement décidé de franchir le pas, les réticences de l’Allemagne ont empêché de nombreux pays d’envoyer du matériel sur place. C’est le cas de ceux qui souhaitaient envoyer des chars Léopard, de fabrication allemande, mais qui faisaient face au veto de Berlin pendant des mois. La Hongrie ou encore dans une moindre mesure la Slovaquie, dont les dirigeants sont des proches de Vladimir Poutine, ont également tenté de freiner l’adoption des sanctions et de bloquer les aides financières.
Après trois ans conflit, l’Union européenne reste divisée. Aujourd’hui, alors qu’une partie du monde espère un cessez-le-feu, certains pays membres refusent d’envisager de déployer des troupes sur le sol ukrainien comme garanties de sécurité. Une réussite en quelque sorte pour Vladimir Poutine qui cherche à diviser cette Union européenne.