Par Ilyass Chirac Poumie
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a présenté, lundi 6 octobre, la démission de son gouvernement au président Emmanuel Macron, qui l’a aussitôt acceptée. L’annonce, confirmée par l’Élysée en fin de matinée, a pris de court la majorité comme l’opposition, plongeant la France dans une nouvelle période d’instabilité politique.À peine nommé, Lecornu n’aura tenu que quelques heures à la tête du gouvernement, devenant ainsi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Son équipe, dévoilée la veille, avait déjà suscité de vives critiques, jugée trop proche du précédent exécutif et incapable de dégager une majorité claire à l’Assemblée nationale.
Dans un communiqué, Lecornu a estimé que « les conditions ne sont pas réunies pour gouverner » et dénoncé des « appétits partisans » qui, selon lui, paralysent la vie politique française. Le président Macron a, pour sa part, remercié son Premier ministre « pour le sens du devoir et de la loyauté », tout en appelant à « une période de responsabilité ».
Le gouvernement démissionnaire expédiera les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau chef de gouvernement. Parmi les options à l’étude figurent la formation d’une équipe de transition ou, en cas d’impasse prolongée, la dissolution de l’Assemblée nationale, mesure déjà évoquée dans l’entourage du chef de l’État.
L’échec du gouvernement Lecornu s’inscrit dans une séquence politique chaotique ouverte après les législatives anticipées de 2024, qui ont laissé la France sans majorité stable. Emmanuel Macron, affaibli par des mois de tensions sociales et la montée des extrêmes, avait choisi le jeune ministre des Armées pour tenter de rassembler le centre et la droite modérée autour d’un compromis républicain.
Mais dès l’annonce de la composition du gouvernement, les critiques se sont multipliées : à droite, le parti Les Républicains a refusé tout soutien formel ; à gauche, la NUPES a dénoncé « un recyclage technocratique ». Dans ce climat d’hostilité, Sébastien Lecornu n’a pas pu obtenir la confiance du Parlement ni installer durablement son autorité à Matignon.
Cette démission, la quatrième depuis le début du second quinquennat de Macron, accentue le sentiment d’un pouvoir à bout de souffle, alors que se profilent les élections européennes de 2026 et que la popularité présidentielle atteint ses plus bas niveaux.
