Par Arlette Akoumou Nga
Après quatre ans de procès, deux d’entre eux, identifiés seulement par leurs initiales par la Cour de Brunswick, ont été condamnés à des peines de prison ferme. Quatre ans et demi pour Jens H. et deux ans et sept mois pour Hanno J. Deux autres ont écopé de peines de prison avec sursis. Heinz-Jakob Neusser, le plus haut placé des quatre, ancien responsable du développement technique de la marque Volkswagen, condamné à un an et trois mois de prison avec sursis, et Thorsten D., à un an et dix mois.
Tous pourront faire appel de la décision, issue d’un procès démarré en septembre 2021. Les quatre condamnés de Brunswick étaient poursuivis pour « fraude en bande organisée » en lien avec le scandale mondial qui a éclaté en septembre 2015, lorsque Volkswagen a reconnu avoir manipulé des millions de véhicules diesel pour tromper les tests antipollution.
« Les autorités chargées de certifier les voitures n’ont pas été informées que les émissions étaient beaucoup plus élevées en conditions réelles », a déclaré le président du tribunal, Christian Schütz, lors de l’énoncé du verdict. « Il est clair que cela n’était pas conforme à la loi », a-t-il ajouté. Les quatre hommes rejoignent l’ancien Pdg d’Audi Rupert Stadler, le premier à avoir été condamné dans cette affaire en juin 2023 à une peine de prison avec sursis et une amende de 1,1 million d’euros.
Un scandale dévoilé voici dix ans
Le directeur du développement de Volkswagen et trois chefs de service autour des moteurs diesel avaient délibérément trompé clients et administration, pour camoufler les faibles performances environnementales de leurs modèles, selon l’acte d’accusation.
Le scandale avait été démasqué par les autorités américaines en 2015. Elles découvraient que les moteurs du constructeur allemand émettaient bien plus de CO2 sur route que lors des tests, auxquels sont soumis tous les modèles aux États-Unis. Le groupe avait installé un logiciel dans ses voitures, capable de reconnaître quand le véhicule était testé. Un coup de tonnerre à l’époque.
Cinq ans plus tard seulement démarrait un premier procès en Allemagne, en pleine crise sanitaire. Mais même 10 ans après, mais on n’en sait toujours pas beaucoup plus aujourd’hui. La procédure a été plutôt frustrante pour les clients floués. Le principal responsable, l’ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, ne sera peut-être jamais jugé, en raison de son état de santé. La procédure à son encontre est pour l’instant gelée. Tout au long des audiences, témoins et accusés n’ont cessé de se contredire. 150 témoins ont été entendus par les magistrats. Chacun a livré une version différente du scandale.
Des coûts très importants pour Volkswagen
L’affaire des moteurs diesel truqués a été une catastrophe pour le constructeur allemand. Le scandale a déjà coûté 33 milliards d’euros au groupe, et on pourrait bientôt franchir la barre des 50 milliards. Car le dossier est loin d’être refermé.D’autres procès courent toujours, des plaintes au civil de clients trompés, ou encore des plaintes groupées d’actionnaires lésées. Quatre autres procédures sont en cours à Brunswick. En France aussi, le parquet de Paris a requis, en mars, le renvoi de l’entreprise devant le tribunal correctionnel pour tromperie.
Le titre en bourse s’était écroulé quand l’affaire a éclaté. Mais l’affaire des moteurs diesel truqués a peut-être aussi été une chance pour Volkswagen, qui a dû revoir sa culture d’entreprise, qui a massivement investi dans les véhicules électriques, un changement radical de stratégie. Pour l’instant, ces modèles sont confrontés à la concurrence chinoise. Mais certains analystes croient en la possibilité d’un nouveau départ pour le géant allemand.