Par Arlette Akoumou Nga
En bon apôtre du libertarianisme, il n’y a pas que l’économie que le président Javier Milei s’attelle à déréguler. Les armes à feu de gros calibres seront désormais disponibles à la vente sous certaines conditions en Argentine.
Le décret, publié au Journal officiel, établit pour les « utilisateurs légitimes » un régime d’autorisation spécial « pour l’acquisition et la possession d’armes semi-automatiques alimentées par des chargeurs amovibles, assimilées aux fusils, carabines ou mitraillettes d’assaut dérivées d’armes à usage militaire d’un calibre supérieur à 22 LR ». La disposition abroge l’interdiction de ce type d’armes pour les civils, qui était en vigueur depuis 1995, réservant l’achat et l’utilisation de ces armes aux seuls militaires. Fin 2024, un décret avait par ailleurs abaissé de 21 à 18 ans l’âge minimum requis pour pouvoir acquérir une arme à feu.
Une position idéologique extrême
« Le gouvernement semble déléguer à chaque individu une responsabilité aussi grande que celle de garantir à sa propre sécurité, tente d’analyser Julian Alfie, avocat du Réseau argentin pour le désarmement. Il s’agit là d’une position idéologique extrême, qui va au-delà de l’idée d’un État minimal et semble s’approcher de celle d’un État inexistant. »
« ll y a une contradiction entre la lutte contre les organisations criminelles et la politique en matière de contrôle des armes à feu »
Au-delà de l’idéologie – l’avocat regrette qu’en l’absence de contrôle de ce marché des armes vendues légalement, celles-ci puissent se retrouver dans les rues.
« L’année dernière, dans la ville de Rosario — qui a subi un véritable bain de sang au cours de la dernière décennie —, on a identifié de faux acheteurs qui se rendaient dans les armureries, achetaient des armes et détournaient ces armes quelques jours plus tard vers des organisations criminelles, qui les utilisaient ensuite dans des règlements de compte ».
rappelle-t-il.
Rosario, c’est justement le laboratoire de la nouvelle politique anti-mafia du gouvernement. « Il y a une contradiction entre la lutte contre les organisations criminelles autour de laquelle le gouvernement fait beaucoup de publicité, et sa politique en matière de contrôle des armes à feu », soulève Julian Alfie. Et si pour le moment, la liberté du port d’arme n’est pas à l’ordre du jour en Argentine, Javier Milei s’était exprimé en sa faveur avant son élection de 2023.