Par Sandra Embollo Avec Afp
Le parti au pouvoir depuis 2005 a remporté tous les sièges, lors des législatives du 5 juin, au Burundi, a annoncé, mercredi 11 juin, la commission électorale burundaise (Ceni), un scrutin entaché d’irrégularités selon des observateurs et des opposants.
“Au niveau national, le Cndd-Fdd est arrivé en tête avec 96,51 % des voix exprimées”, a déclaré le président de la Ceni, Prosper Ntahorwamiye, lors d’une cérémonie retransmise en directe par la télévision publique.
Aucun des autres partis n’a obtenu 2 % des suffrages, seuil prévu constitutionnellement pour siéger à l’Assemblée nationale, “au total 100 sièges reviennent au parti Cndd-Fdd”, a-t-il poursuivi.
Les résultats définitifs doivent être prononcés le 20 juin par le Conseil constitutionnel. “On a tué la démocratie” Des membres du Conseil national pour la liberté (Cnl), principal adversaire de la formation au pouvoir, exclu par les autorités du scrutin, avaient le jour du scrutin dénoncé des votes multiples, des votes forcés, ainsi que la “chasse et interdiction d’accès” et des “emprisonnements arbitraires” de ses observateurs.
Anicet Niyonkuru, candidat aux législatives et président du Conseil des patriotes, un petit parti d’opposition, avait, lui, affirmé à l’AFP que les électeurs “mettaient dans l’urne” des bulletins de vote “remplis à l’avance”, “une grande tricherie qui a été observée partout”. Des journalistes et des électeurs, qui avaient requis l’anonymat par mesure de sécurité, avaient également fait état à l’Afp d’importantes irrégularités.
“On a tué la démocratie”, a ainsi réagi à l’Afp un leader d’opposition à l’annonce des résultats. Le président Evariste Ndayishimiye a pris les rênes du Burundi, en juin 2020, après le décès de son prédécesseur Pierre Nkurunziza, qui avait tenu le pays d’une main de fer durant 15 ans. Depuis son accession au pouvoir, il oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants généraux, et ferme contrôle du pouvoir, marqué par des atteintes aux droits humains dénoncées par des Ong et l’Onu.
Le Burundi est le pays le plus pauvre du monde en terme de PIB par habitant, selon un classement de la Banque mondiale de 2023. 75 % de ses 12 millions d’habitants vivent sous le seuil international de pauvreté.