Par Joseph OLINGA N.
Paul Biya, chef de l’État du Cameroun et candidat naturel du Rassemblement démocratique peuple camerounais (Rdpc) parti politique dont il est le timonier peut-il faire mentir ceux parmi ses pourfendeurs qui pensent que l’homme âgé de 92 dont 43 au pouvoir doit passer la main ?
Chahuté par l’opposition jusqu’au début de la décennie 90, Paul Biya fait face à des contestations internes depuis le début des années 2000, période au cours de laquelle le front des modernistes a commencé à donner de la voix, réclamant des améliorations dans la structure interne du Rdpc. Certe, Paul Biya en fin manoeuvrier a réussi à aménager une plateforme permettant aux voix dissonantes de se taire. Reste que la grogne est demeuré latente dans le parti.
C’est le déclenchement de l’opération Épervier qui remet en surface les soubresauts latents au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Alors que l’opinion croit vivre une opération d’assainissement de la gouvernance publique, des voix, au sein même du pouvoir, viennent souligner l’existence d’une opération d’épuration politique au sein de la classe gouvernante.
Selon les tenants de cette thèse, le président encerclé de l’intérieur expurge la Génération 2011 (G11), un groupe structuré au sein du pouvoir qui planifie le départ de Paul Biya à l’aune de l’élection présidentielle de 2011. Au bout du compte, des dizaines de collaborateurs du chef de l’État sont placés en détention dans les deux principales prisons du Cameroun à Yaoundé et à Douala.
A l’aune de l’élection présidentielle prévue au mois d’octobre prochain, le chef de file du Rdpc, Paul Biya fait l’objet d’une nouvelle fronde au sein de son parti avec un procès intenté par un élu du Rdpc. La plainte initiée par le conseiller municipal Léon Theiller remet en doute la légitimité de Paul Biya en qualité de candidat du parti pour l’élection présidentielle d’octobre. Si l’élu municipal est l’acteur le plus en vie de cette saga, il ne fait plus de doute que son plaidoyer rencontre l’assentiment d’une frange importante des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
Le chef de l’État camerounais est au centre d’un nouveau soubresaut visiblement organisé à l’international. Le 13 juin dernier, l’opinion découvre avec étonnement l’existence d’une alerte donnée par la chancellerie française. Sans gants, la représentation diplomatique française appelle ses ressortissants à se poser préparer à une période de trouble au Cameroun. Une posture qui rappelle des manœuvres connues sous d’autres cieux.
Dans le même temps, Paul Biya visiblement sous le poids de l’âge ne semble pas résolu à céder les manettes du pouvoir. Le président dont des sources décrivent l’état de santé préoccupant paraît plus que jamais déterminé à briguer un énième mandat.
Le président, selon des sources diplomatiques, a passé des accords avec des diplomates français et onusiens pour aller à une nouvelle élection tout en garantissant la protection les intérêts économiques et financiers de l’hexagone.
Les mêmes sources indiquent une entente tacite qui aurait été passé entre le chef de l’État camerounais et les diplomates européens et américains pour créer un poste de vice-président. Poste auquel est pressenti son fils Franck Biya.
Au sein du parti, l’on scande officiellement l’invincibilité du chef de file du Rdpc. Reste que dans les salons huppés du pays, l’on piaffe d’impatience de voir Paul Biya céder la main et offrir au parti une chance de survivre à la bourrasque qui se dessine. Paul Biya peut-il le faire ? Ecoute-t-il les voix qui s’élèvent au sein même de sa chapelle politique ?