Par Arlette Akoumou Nga
Des dissensions sérieuses secouent l’état-major des forces armées camerounaises à la suite de la présidentielle du 12 octobre. D’après des sources proches du commandement, plusieurs généraux fidèles à Paul Biya ne parviennent plus à s’accorder sur la stratégie à adopter face à la montée en puissance d’Issa Tchiroma Bakary, dont les appels au calme et à la vérité des urnes rencontrent un écho inattendu, y compris au sein des forces de défense.
Une faction dure de l’armée plaide pour une répression rapide des manifestations et des foyers de contestation. Mais une autre, plus prudente, estime qu’une telle approche risquerait de provoquer une escalade semblable à celle observée dans les régions anglophones. Les avertissements de ces officiers supérieurs ont conduit à une certaine paralysie stratégique du pouvoir, qui hésite désormais à employer la force.
Sur le terrain, la démoralisation est palpable : mal payés, épuisés et déployés depuis des années, de nombreux soldats s’interrogent sur la légitimité de combattre leurs propres concitoyens pour défendre un président vieillissant. Les messages d’Issa Tchiroma, invitant les militaires à se ranger du côté du peuple, circulent dans plusieurs garnisons du Nord et alimentent les inquiétudes d’une éventuelle fracture dans la chaîne de commandement.
L’armée camerounaise, pilier du régime de Paul Biya depuis quatre décennies, fait face à une crise de confiance inédite. Les précédentes vagues de contestation avaient été contenues par la cohésion des forces armées.
Mais le contexte actuel, marqué par la lassitude des troupes et les divisions internes, fragilise l’autorité présidentielle. Certains analystes redoutent désormais un scénario de désobéissance passive ou de refus d’obéissance dans les rangs, si la contestation populaire devait s’intensifier.
