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Cameroun > Filière Cacao: En immersion avec Abdoulay Mfewou au sein d’une classe émergente

C'est l'invite du dernier chef-d'œuvre du prolifique écrivain enseignant à l'université de Dschang, publié aux éditions Upway Books cette année. .

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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

L’émergence d’une nouvelle dasse moyenne dans la filière cacao au Cameroun est un phénomène socio-économique complexe, résultant de l’évolution des conditions de production, de la structuration des acteurs de la filière, et des transformations économiques politiques et sociales. Cette nouvelle classe, reconnaît l’auteur, est composée en grande partie de cacaoculteurs et de leurs familles. Elle représente un groupe d’individus pris dans les bassins de production qui ont réussi à s’élever au-dessus du seuil de pauvreté grâce à l’augmentation des revenus tirés de la cacaoculture. Leur situation se caractérise par une amélioration des conditions de vie, un meilleur accès aux biens et services et un pouvoir d’achat plus élevé. Il y a eu d’abord en amont l’adoption de semences améliorées, l’utilisation d’engrais, la gestion de l’irrigation, ainsi que les techniques de lutte contre les maladies telles que le monilia et le mirid ont contribué à accroître la productivité. Les producteurs ayant accès à ces technologies ont vu leurs rendements passer de 400-600 kg/ha à des niveaux plus proches de 1000 kg/ha.

L’accès à la formation: des cacaoculteurs n’est pas en reste. Des programmes de formation ont été organisés par le gouvernement, les Ong et les acteurs privés, permettant aux producteurs de mieux gérer leurs exploitations Ces initiatives ont contribué à la modernisation des pratiques agricoles permettant à certains producteurs de se démarquer par leur capacité à augmenter la productivité. Un autre facteur qui a contribué à l’émergence de cette nouvelle classe est la structuration des producteurs et l’émergence des coopératives agricoles et autres regroupements. Ces structures collectives ont joué un rôle majeur dans l’amélioration des conditions économiques des producteurs de cacao..
En ce qui concerne l’augmentation des revenus et l’amélioration des conditions de vie, l’un des résultats les plus marquants est l’accès à des biens durables tels que des véhicules, des équipements ménagers modernes et même immobiliers.. Il y a aussi une amélioration des infrastructures locales:
(routes écoles, sante), grâce à l’augmentation des investissements privés dans les zones rurales. On constate aussi que dans cette chaîne de bonnes nouvelles, il y a l’émergence d’une culture entrepreneuriale.. Nombre d’entre eux ont compris que la simple culture du cacao ne suffisait plus et ont commencé à diversifier les activités ou à s’impliquer dans la transformation locale du cacao afin d’augmenter la valeur de production. .Certains producteurs se sont lancés dans des activités annexes, telles que la fabrication de produits dérivés du cacao (beurre de cacao, pâte de cacao, chocolat), ou des services connexes tels que le transport et la vente de matériel agricole.

Résumé de l’ouvrage

Avec 600.000 cacaoculteurs (principalement des petits exploitants) et la montée en puissance de la nouvelle classe moyenne dans la filière, la campagne cacaoyère 2023-2024 au Cameroun a permis de produire 266 725 tonnes de fèves de cacao, marquant une augmentation de 1,17% par rapport à la campagne précédente. Les prix ont atteint des niveaux records au cours de cette période. Les prix à la production ont oscillé entre 1 150 Fcfa et 6 300 Fcfa le kilogramme. Plus précisément, lors d’une opération de vente groupée dans la région du Centre, le prix a atteint 7000 Fcfa le kg. Ces prix sont nettement supérieurs à ceux observés dans les autres grands pays producteurs. En Côte d’Ivoire par exemple, le prix garanti aux producteurs a été fixé à 1.800 Fvfa le kg pour la campagne d’octobre 2024 à mars 2025. La superficie totale dédiée à la culture du cacao au Cameroun est estimée à 400 000 hectares répartis dans plusieurs régions du pays, principalement dans les zones du Sud-Ouest, du Littoral et de l’Ouest. Le Cameroun cultive deux variétés principales de cacao

Le Forastero: C’est la variété la plus cultivée en raison de sa résistance et de son rendement. Le Trinitario. C’est une variété hybride, plus appréciée pour sa qualité supérieure, mais moins répandue. La production annuelle de cacao au Cameroun a atteint environ 292 000 tonnes au cours de la campagne 2020-2021. Cela place le pays parmi les plus grands producteurs de cacao en Afrique après la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Le rendement moyen à l’hectare au Cameroun est relativement faible, de l’ordre de 375 kg. Ce chiffre est bien inférieur au potentiel de rendement théorique, qui peut atteindre 2 500 kg/ha avec des pratiques agricoles optimisées et des investissements dans la gestion des plantations. Le politique camerounais a lancé un plan de relance visant à doubler la production de cacao et à atteindre une production annuelle de 900 000 tonnes dici 2030. Le plan prévoit la distribution de plants améliorés, des investissements dans la recherche, ainsi que des mesures visant à lutter contre la déforestation et à améliorer la durabilité du secteur.
Le secteur du cacao au Cameroun est confronté aussi à des défis tels que le régime foncier, le vieillissement des vergers, la faible productivité et les conditions de vie précaires des producteurs Quelque 69% des producteurs de cacao vivent en dessous du seuil de pauvreté, malgré des revenus supérieurs à ceux de la Côte d’Ivoire et du Ghana. L’industrie du cacao au Cameroun est un secteur stratégique pour l’économie, avec un grand potentiel de croissance, mais fait face à des défis liés à la productivité, aux conflits fonciers, au vieillissement des plantations et aux conditions socio-économiques des producteurs. Depuis 2020, le Cameroun a connu une augmentation de la classe moyenne (25%) qui reste encore faible par rapport à la classe ouvrière. Cette tendance est cohérente avec les observations dans le domaine économique. La part des classes moyennes définies sur la base du revenu agricole a augmenté dans la cacaoculture entre le milieu des années 2000 et le milieu des années 2024-2025

A propos de l’auteur

L’émergence de la nouvelle classe moyenne dans la filière cacao au Cameroun, porte la plume d’Abdoulay Mfewou. Sur 15 chapitres, l’enseignant en dynamique comparée des sociétés en développement de l’université de Paris Cité (Cessma), Hdr post-doctorat en dynamique des populations à l’institut de démographie (Idup) de la Sorbonne Paris 1. Il est par ailleurs Ingénieur agronome et enseignant à l’université de Dschang au Cameroun. Migrations, dynamiques agricoles et problèmes fonciers dans le Nord Cameroun ; Démocratie en Afrique ? Yes we can ? ; Ville sans lumière, Dschang -Cameroun; Nouvelle monnaie et développement;L’eau est finie au Cameroun?, sont les ouvrages publiés par Abdoulay Mfewou.

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