Par Mon’Esse
L’avocat camerounais Akere Muna, connu pour ses actions pour la bonne gouvernance, a indiqué examiner actuellement la possibilité de s’associer le mouvement Now, dont il est le fondateur, ainsi que d’autres associations engagées dans la lutte contre la corruption, à une information judiciaire ouverte le 13 juin 2022 des chefs de corruption d’agent public étranger (Cape) en bande organisée, de blanchiment aggravé de corruption d’agent public étranger et d’association de malfaiteurs ouverte à l’encontre de Gemalto, devenu Thales Dis, qui a exercé dans son pays dans la livraison de matériels de sécurité, ainsi que la sécurisation de la carte nationale d’identité.
Projetant d’agir par la voie de l’action civile, il se félicite qu’en permettant à des associations de se constituer ainsi, la justice française montre son engagement à poursuivre ces délits et à soutenir les initiatives des associations, désormais et légitimement admises à arguer qu’elles représentent les intérêts des citoyens qui seraient lésés par le détournement de fonds publics par des dirigeants corrompus. Le parquet français, apprend-on, s’intéresse spécifiquement aux commissions touchées par les intermédiaires de Gemalto dans les processus d’obtention de contrats pour des cartes à puces, des documents d’identité et des plaques d’immatriculation, notamment dans des pays tels que le Gabon, le Cameroun, le Sénégal, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, mais aussi en Équateur (Amérique du Sud).
A la suite d’un signalement réalisé par le service national de renseignement financier Tracfin, le parquet financier français avait ouvert une enquête préliminaire en décembre 2021, donnant lieu à l’ouverture d’une information judiciaire, l’enquête portant sur des « contrats remportés par Gemalto avant son acquisition par Thales ».
L’enquête, selon Mediapart, « porte sur une dizaine de marchés gouvernementaux (cartes d’identité, cartes électorales, plaques d’immatriculation) remportés par Gemalto entre 2015 et début 2019 », notamment sur des « commissions touchées, pour remporter ces contrats, par plusieurs intermédiaires ». En début octobre 2023, des gendarmes de la section de recherches de Paris se sont rendus au siège de Thales Dis, à Paris, pour mener des perquisitions, sur – entre autres – un intermédiaire israélien de Gemalto qui aurait négocié deux contrats au Cameroun et un au Sénégal.
C’est en début août 2015, rappelle-t-on, que le gouvernement camerounais et Gemalto ont signé un contrat pour la fabrication des titres de séjour, cartes de réfugié, de retraité et de la carte nationale d’identité (Cni) réputées « sécurisées et infalsifiables ». C’est particulièrement depuis cette époque que les Camerounais éprouvent toutes les difficultés du monde à accéder à la Cni, attendant parfois des années sans que la moindre explication plausible leur soit fournie.