Par René Mbarga
Dans un décret signé mercredi, le président de la république a contre toute attente, procédé à l’admission en seconde section du général de division Ésaïe Ngambou. Cette situation est d’autant plus surprenante que fidèle à ses habitudes ; Paul Biya rompt ainsi une vieille tradition qui veut que des officiers généraux soient envoyés en seconde section, pendant que de nouveaux sont nommés.
Depuis des lustres, le successeur d’Ahmadou Ahidjo n’avait jamais dérogé à cette règle tacite qui fait la particularité de sa gouvernance.
Au commencement était le glaive…
L’armée fait partie des piliers du pouvoir de l’homme du 06 novembre 1982. Depuis son accession à la magistrature suprême, Paul Biya a concédé de nombreuses prérogatives à la troupe, aux officiers supérieurs et aux généraux. Conscient qu’il n y a de bonnes lois que où il y a de bonnes armes ; il en a fait un élément essentiel, dans sa stratégie de conservation du pouvoir. Autant il est impossible pour le locataire d’Etoudi de remanier son gouvernement, tout en étant hors du pays ; autant il ne lui viendrait jamais à l’idée d’envoyer à la retraite, en étant à Genève ; un général de division, nommé par ses propres soins.
Atanga Nji et Cie à la manœuvre…
Il y a quatre jours, du haut d’une chaire de l’église évangélique du Cameroun décentralisée ; le général Ésaïe Ngambou avait envoyé quelques piques au ministre de l’administration territoriale ; au sujet de la guerre des tranchées qui oppose deux factions rivales de cette confession religieuse. L’officier général avait usé de propos jugés discourtois en lui rappelant, qu’on est général pour toujours. Et puis vint, à la stupéfaction totale, le fameux décret portant admission en seconde section du major de la promotion 1968 de l’école militaire inter armes de Yaoundé.
Biya prend toujours son temps…
En scrutant attentivement le décret présidentiel portant admission en seconde section du général de division Ésaïe Ngambou, plusieurs incongruités sautent à l’oeil: Primo, la signature est différente et semble scannée ; secundo, la position du sceau ne correspond pas totalement aux textes présidentiels antérieurs, à l’instar de celui portant nomination d’un nouveau directeur général à l’imprimerie nationale.
Tertio, il n y avait, théoriquement aucune urgence à envoyer le général Ngambou Ésaïe, en seconde section alors que de nombreux strapontins ministériels attendent d’être pourvus.
De ce postulat, il coule de source que, dans la méthode Biya, il n y a pas de place pour la précipitation. Un ancien secrétaire général de la présidence de la république rappelait fort à propos, que: “Les urgences c’est à l’hôpital”. Plusieurs constances se dégagent donc du décret querellé; soit il a été fabriqué de toute pièce pour régler des comptes; preuve que Paul Biya ne contrôle plus rien, soit il avait été signé et antidaté avant son départ pour le sommet de Paris.