Par Éric Boniface Tchouakeu
Depuis son éclatement au grand jour en octobre 2016, la grave crise sociopolitique qui s’est muée un an plus tard , en insurrection séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, est indubitablement le problème politique majeur auquel le pouvoir en place fait face.
Au cours de l’année 2022 qui tire à sa fin, les mêmes scènes de désolations observées depuis l’entame du conflit armé dans ces régions ont encore été enregistrées.
Il s’agit essentiellement des morts d’hommes et de femmes, des civils, victimes collatérales du conflit pour la plupart ; l’élimination de nombreux chefs rebelles et la destruction de plusieurs refuges des bandes armées sécessionnistes par l’armée régulière ; les rapts par des groupes rebelles,des otages souvent libérés pour certains contre paiement de rançons ; les destructions des biens publics et privés ; et la poursuite des villes mortes les lundis.
Le groupe de réflexion International Crisis Group estime que la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a déjà causé plus de six mille (6.000) morts et contraint plus d’un million de personnes à quitter ces régions depuis 2016.
Le pouvoir a essayé à sa manière d’y apporter des solutions à travers un certain nombre de mesures dont l’une des plus importantes est, l’octroi d’un statut spécial aux deux régions anglophones du pays, avec la promulgation en décembre 2019 du code général des collectivités territoriales décentralisées.
Il convient de préciser que l’adoption de ce code est une des résultantes du Grand Dialogue National, organisé par les autorités à Yaoundé du 30 septembre au 04 octobre 2019, et qui avait pour but principal de trouver des solutions à la crise dans les deux régions anciennement administrées par le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord.
Le contenu du statut spécial a été jugé insuffisant notamment par les partisans d’un retour à la fédération comme forme de l’Etat du Cameroun, parce que ce contenu n’offre pas le degré d’autonomie souhaité aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
En tout cas la crise se poursuit, parce ce qu’on a d’un côté, le régime en place qui semble avoir fait tout ce qu’il était en capacité d’offrir en terme de concessions, et de l’autre , on n’a des groupes sécessionnistes qui ne veulent pas évoluer d’un iota relativement à leur prétention de vouloir créer un Etat indépendant.
Récemment, le Gouvernement camerounais s’est félicité de l’inculpation aux Etats-Unis d’Amérique par la justice, de trois Américains d’origines camerounaises, accusés de financer le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Il faut relever que la plupart des Chefs politiques des mouvements séparatistes résident à l’étranger, dont une bonne partie aux Etats-Unis. Cela montre qu’il faut aussi un certain degré d’implication de bonne foi de certains partenaires extérieurs du Cameroun pour résoudre la crise dans les régions anglophones.
Le pouvoir doit déjà cependant avoir à l’esprit d’essayer d’autres solutions en compléments de celles qui n’ont pas véritablement marché.
