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Cameroun: La scénographie de la succession présidentielle à la tête de l’État

Lors de la célébration de la journée mondiale de la démocratie, Jean Marc Bikoko, a, au cours d'une conférence de presse donnée au siège de la Centrale syndicale du secteur public(Csp), exposé cinq scénarii possibles, lesquels pourraient avoir lieu dans le dessein de la succession présidentielle à la tête de l'État du Cameroun.

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Par Serge Aimé Bikoi

Le 15 septembre 2022, lors de la célébration de la journée mondiale de la démocratie, le point focal de la coalition “Tournons la page- Cameroun”, Jean Marc Bikoko, a, au cours d’une conférence de presse donnée au siège de la Centrale syndicale du secteur public(Csp), exposé cinq scénarii possibles, lesquels pourraient avoir lieu dans le dessein de la succession présidentielle à la tête de l’État du Cameroun. Parmi les cinq cas éventuels listés ce jour-là, figure le troisième scénario : le gré à gré. Cette modalité se formalise sous cape depuis ces derniers mois, et dont l’opérationnalisation serait conditionnée par une énième révision constitutionnelle. C’est en vue, expliquait alors J. M. Bikoko, “de la création d’un ou de deux postes de vice-présidents avec droit de succession.

Ce qui était considéré comme une rumeur se concrétise de manière progressive à travers les actions d’adoubement de Frank Emmanuel Biya par les autorités traditionnelles de Foumban et de Rey Bouba. Le fils du chef de l’État du Cameroun est, en effet, présenté comme comme le ou l’un des nominés déjà soutenu par des mouvements connus sous la bannière des “Frankistes”. Alors, F. E. Biya passe-t-il, d’ores et déjà, à l’offensive ? Le fils ainé du président de la République du Cameroun, à qui l’on prête des ambitions présidentielles, a célébré les quarante ans de l’accession au pouvoir de son géniteur hier au côté du Lamido de Rey Bouba. Un dispositif sécuritaire a été, soigneusement, mis en place pour la réalisation de cette visite tout autant qu’une mobilisation populaire tous azimuts a été constatée depuis son apparition le 5 novembre 2022. Une apparition publique qui n’est pas passée inaperçue pour une personnalité longtemps restée discrète. Force est de constater que ce n’est pas la première fois que le fils du chef de l’État rende visite à une élite traditionnelle.

Le 6 novembre 2021, il y a exactement un an, il avait séjourné au sultanat du royaume des Bamoun, où il avait rencontré et échangé avec sa Majesté Nabil Mbombo Njoya. Cette année, c’est encore le 6 novembre 2022 que F. Biya décide de fêter le quarantenaire du Renouveau national, cette fois-ci, dans le Lamidat de Rey Bouba. Le 6 novembre 2023, sera-ce où ? A Douala du côté des autorités traditionnelles Sawa du Ngondo quand on sait que Laurent Esso est le chef de la délégation permanente régionale du Rdpc pour le Littoral? Sera-ce, a contrario, dans le Centre quand on sait que le chef de la délégation permanente régionale du parti est l’honorable Jean Bernard Ndongo Essomba? Le département de la Lekié étant le lieu par excellence où le chef de la délégation permanente départementale, Henri Eyebe Ayissi, fait, toujours officiellement, l’annonce de la candidature de Paul Biya à l’approche de chaque présidentielle, sera-ce, a contrario cette fois-ci, le cas pour l’enclenchement de l’adoubement du fils du candidat naturel du Rdpc comme candidat déclaré à cette échéance électorale ? Wait and see ! Sera-ce alors à Ebolowa, capitale régionale du Sud, pays organisateur, où la prochaine phase de l’adoubement aura lieu sachant que c’est Jacques Fame Ndongo, le chef de la délégation régionale permanente du parti pour la région native de Paul Biya? De toutes les évidences, nous le saurons le moment opportun surtout qu’il y a, en ce moment et c’est une conjecture scolastique, une réflexion sur la probable organisation de l’élection présidentielle anticipée avant l’année fatidique de 2025. Sera-ce en 2023 ou en 2024? A chacun(e) d’en juger fort opportunément !

Pour l’instant, l’analyse du jeu des symboles de ces deux visites incline à établir une corrélation, mieux un dénominateur commun : la quête de l’adoubement des autorités traditionnelles. Le fils aîné de l’homme du 6 novembre 1982 se situe dans l’optique de la recherche d’un capital social (réseaux de sociabilité) grâce auquel il sera, au bout du compte, coopté, apprécié, valorisé, sublimé et, par conséquent, adoubé dans le dessein de la succession présidentielle à la tête de l’État du Cameroun. Ce sont là les premiers signaux qui matérialisent, sans doute, la préparation du fils de Biya à accéder au pouvoir par le truchement de la modalité du gré à gré. L’enjeu consiste, ici, à renouveler le leadership dirigeant à travers la parentocratie, c’est-à-dire la transmission du pouvoir de père en fils. Ce qui se passe donc depuis le 6 novembre 2021 ressemble, à s’y méprendre, à une espèce de socialisation du fils aîné du chantre du système gouvernant en place à l’acquisition des attributs, voire de l’habitus d’homme d’État. L’on se situe, ici, dans la dynamique de la fabrication du nouveau statut de Frank Biya. C’est, en réalité, le processus de construction d’une nouvelle identité de ce quinquagénaire, l’enjeu étant d’apprendre, d’acquérir, d’intérioriser et d’intégrer les nouvelles manières d’agir, de penser, de sentir et de faire d’un homme d’État. C’est alors, au regard de ce qui se passe, la socialisation de F. Biya au rôle de néo chef d’État et à la fonction d’autorité de nouveau dirigeant du pays.

Mais jusqu’ici, le fils aîné du l’homme du Renouveau reste silencieux tant il ne s’est jamais prononcé sur ses prétendues ambitions politiques. De plus, il garde mutisme au sujet de l’existence du Mouvement des Frankistes pour la paix et l’unité du Cameroun, dont nous constatons, depuis la naissance dans l’espace public, un certain bicéphalisme marqué par la présence de deux leaders, dont l’un est appréhendé comme un dirigeant autoproclamé et, l’autre, comme le vrai leader.

L’option pour le silence de F. Biya n’est pas un choix curieux. C’est de cette manière que son géniteur fonctionne. C’est ainsi que Paul Biya a géré le pays durant quarante ans, notamment à travers la modalité des silences présidentiels. Un de nos illustres aînés dans le giron du journalisme en a fait, amplement, écho dans sa Thèse de Doctorat Ph D en Sciences de l’information et de la communication au point d’y consacrer, au bout du compte, un ouvrage. L’éloquence du silence de Paul Biya est la même logique que théâtralise, aujourd’hui, Frank Biya à la lumière de ses ways of life. L’on conclut alors à la thèse selon laquelle tel père tel fils.

Sans conteste, il se prépare une succession présidentielle dynastique au Cameroun. Ce qu’il est convenu, techniquement, d’appeler la parentocratie. Au Tchad, au Gabon, en Guinée Équatoriale, bref dans les pays de la sous-région Afrique centrale, la transition dynastique à la tête de l’État a été déjà expérimentée par le passé. Le Cameroun sera-t-il l’exception qui confirmera la règle ? Rien n’est moins sûr. De toutes les manières, les signaux sont, d’ores et déjà, perceptibles. Il n’ y a que les naïfs conscients qui n’y pigent rien. Mais tout est en train d’être scénarisé, sous cape, pour positionner le fils de Biya au pouvoir bien que les règles et les conditions du jeu politique ne soient pas transparentes, crédibles et claires. Il y a donc une opacité dans la gestion et la régulation de la transition à la tête de l’État du Cameroun. L’hégémon voudrait, par la ruse politique, imposer son fils aîné comme son substitut au pouvoir surtout qu’il est dans un état de lassitude physique réparable et manifeste.

Tant que Paul Biya va entretenir le mutisme à ce sujet, ses thuriféraires et apparatchiks resteront, eux aussi, silencieux. Mais la scénographie est, d’ores et déjà, construite pour ériger son fils aîné au pouvoir.

Serge Aimé Bikoi, journaliste et Sociologue du développement

Mais le peuple l’acceptera-t-il? Toutes les communautés culturelles et toutes les catégories sociales choisiront-elles cette option ? Les forces politiques de l’opposition camerounaise et les leaders de la société civile militante ou opposante accrediteront-ils ce schéma d’érection de Frank Biya à la tête du Cameroun ? C’est sur ces entrefaites que le bas-peuple doit se prononcer. Réveillez-vous! Ne sombrez pas dans une somnolence, dans une tiédeur et dans une ankylose! Prenez vos responsabilités MM.et dames!

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