Par Mon’Esse
L’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (Ajad) a, jeudi, exhorté le gouvernement à substituer progressivement les engrais chimiques, annuellement importés à près de 200 milliards de francs, par des engrais organiques, produits localement et susceptibles de créer des centaines de milliers d’emplois stables, au profit des jeunes.
La matière première, que sont les déchets ménagers, étant sur place le président dudit regroupement, Thierry Djoussi, a dans le même temps incité les jeunes à se lancer dans l’agriculture, la pêche et l’élevage, afin de partager les opportunités dont regorge ces secteurs, «en dépit des obstacles connus que sont les difficultés d’accès à la terre, au financement, l’enclavement des bassins de production, etc.».
Ces domaines sont une aubaine pour des millions de bras et de cerveaux, laissés sans-emploi, estime-t-il dans une tribune à l’occasion de la 139ème Fête internationale du travail, dont le thème local est : «Dialogue social et travail décent : pour un Cameroun serein».
La seule culture de la patate, qui a un cycle court de 3 mois, peut sortir des millions de personnes du chômage et sa farine, incorporée dans du pain et des beignets – consommés chaque jour en millions de tonnes -, est une opportunité en termes de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté, à condition que le gouvernement impose aux boulangeries des quotas de farines locales pour la fabrication du pain.
Le nombre d’emplois créés sera alors, selon M. Djoussi, multiplié par 100 si, en plus de la patate, des farines de manioc, d’igname et de maïs sont concernées, parallèlement à l’instauration de restrictions sur les importations de blé.
Le poisson en particulier et le secteur aquacole, en général, avec la production de crevettes, est un gros pourvoyeur d’emplois, l’élan décisif devant toutefois venir de l’interdiction, par le gouvernement, de la commercialisation des espèces disponibles sur place, mais aussi de l’obligation faite aux poissonneries, et autres distributeurs, de vendre également le poisson local.
Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), reprises à son compte par l’Ajad, au Cameroun, 8 personnes actives sur 10 sont touchées par le sous-emploi, et, à en croire le député Gabriel Fandja, par ailleurs président de la commission de l’éducation à l’Assemblée nationale, le taux de chômage dans le pays est de 74%.
Ici, précise Thierry Djoussi, les jeunes de 25 à 35 ans sont les plus touchés, les titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur étant 5 fois plus frappés par le chômage que ceux non-scolarisés.
Chaque année, ajoute l’Ajad, 6000 diplômés des universités et instituts de formation frappent sans succès aux portes du travail et, d’après l’INS, près de 10 millions de personnes vivent, au Cameroun, avec moins de 813 FCFA par jours tandis que la vie devient de plus en plus chère.