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Par Julie Peh
Ce jeudi 30 octobre 2025, l’archevêque métropolitain de Douala, Mgr Samuel Kleda, a convoqué une séance de travail avec les émissaires du Vatican dans la salle des Actes de l’Archevêché. L’objectif : planifier les contours logistiques, sécuritaires et diplomatiques de ce déplacement pontifical. Selon une correspondance adressée au gouverneur du Littoral, plusieurs représentants de l’administration, des forces de défense et de la mairie prendront part à cette rencontre.
Mais derrière l’aspect pastoral et symbolique de cette visite, se cache un fort enjeu politique. Le pays traverse une crise post-électorale sans précédent depuis la contestation des résultats du scrutin présidentiel. Des manifestations réprimées, des arrestations d’opposants dont Anicet Ekane, Djeukam Tchameni, Florence Titcho et Jean Calvin Aba’a Oyono , ainsi qu’une polarisation croissante de la société ont plongé le Cameroun dans une atmosphère d’incertitude et de méfiance. Dans ce contexte, l’arrivée du souverain pontife pourrait avoir une portée diplomatique considérable. Selon plusieurs observateurs, le Vatican voit dans ce déplacement une occasion d’encourager la réconciliation nationale et de rappeler la nécessité d’un dialogue franc entre les acteurs politiques. L’Église catholique, souvent perçue comme un médiateur moral, pourrait jouer un rôle déterminant pour apaiser les tensions et rétablir la confiance. Mgr Samuel Kleda, connu pour ses prises de position courageuses sur les questions sociales et politiques, a déjà appelé à « la vérité, la justice et la paix » lors de ses précédentes interventions publiques. Sa proximité avec les réalités du terrain donne à cette visite papale une dimension stratégique : elle pourrait permettre d’aborder, sous le prisme spirituel, les fractures profondes qui traversent la société camerounaise.
Rappelons que la dernière visite papale au Cameroun remonte à 2009 avec Benoît XVI, après celle de Jean-Paul II en 1985. Chacune avait laissé une empreinte durable, mais celle de Léon XIV s’annonce particulière car elle intervient dans un moment de grande fragilité politique, où la voix de l’Église pourrait peser sur le cours des événements.
La présence du pape sera plus qu’un symbole religieux, elle constituera un message diplomatique adressé au pouvoir et à l’opposition. Dans un pays où la foi chrétienne structure profondément la vie publique, un mot du Saint-Père pourrait rallumer l’espoir d’un dialogue national inclusif.
Alors que Douala s’apprête à accueillir le chef de l’Église catholique, les regards du monde seront tournés vers le Cameroun. Reste à savoir si cette visite réussira à transcender les clivages et à ouvrir une ère nouvelle, où la paix ne serait plus une promesse, mais une reconstruction collective.
