Par Thierry Djoussi
Dans son livre ”La République” , le célèbre philosophe Platon décrit Caligula comme un mégalomane…
Le Pr Claude Abe est, à certains égards – et avec tout le respect que j’éprouve pour sa personne – dans ces traits. Il s’accroche à l’illusion d’une cabale communautairepour se donner bonne conscience.
”Le Cameroun compte près de 300 communautés. Pourquoi il y a qu’une seule communauté qui s’est sentie touchée et qui est montée au créneau après mes propos. C’est dire qu’ils étaient dans une logique hégémonique que j’ai éventrée”.
a t-il déclaré lors de l’émission dominicale (7 mai) Club d’Elite sur Vision4.
Tentative maladroite de nier la réalité comme l’empereur ci-haut.
Dans les faits, la levée de boucliers contre la désormais tristement célèbre expression ”il faut que chacun retourne chez soi” est sans frontières. Allant des individus aux institutions.
Même la très taciturne Université catholique d’Afrique centrale
est montée au créneau pour se ”désolidariser entièrement de la sortie [de son enseignant] professeur Claude Abe au cours de l’émission, ”Club d’Elite” du 16 avril 2023 sur le plateau de la chaîne de télévision Vision4”, écrit – dans une Mise au point, datée du 25 avril 2023 – le recteur de cette université, Pr abbé Jean Bertrand Salla.
Lequel de préciser à toutes fins utiles : ” Nous osons espérer que cette Mise au point clarifie la position de l’Université catholique d’Afrique centrale”.
Bien avant la Communauté universitaire catholique,
la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh), que préside le Pr James Mouague Kobila a qualifié, dans un communiqué signé le 20 avril 2023, d’haineux ces mêmes propos de Claude Abe.
Ce dernier, au lieu de chercher à jouer avec l’intelligence des Camerounais, devra plutôt se demander Pourquoi aucune communauté – sur près de 300 que compte le Cameroun – ne s’est sentie, via ses mandants légitimes, connus et reconnus, si fière de ses propos au point de faire une sortie publique pour les approuver.
S’inventer des ennemis imaginaires est un exercice bien plus facile que de revendiquer publiquement des soutiens (communautaires). Caligula sort de ce corps!
Au demeurant, l’attitude manipulatoire du Pr Claude Abe remet au goût du jour le penchant de certains universitaires camerounais à surfer sur les bas instincts de quelques uns de leurs compatriotes. Une partie du peuple aime-ci, on le lui sert sur un plateau (de télé).
Pourtant, sous d’autres cieux, les intellectuels s’illustrent par leur capacité à s’élever et à se projeter pour préparer la société à anticiper les chocs à venir.
C’est le cas (parmi d’autres exemples) de Sebastien Abis. Ce chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), véritable think tank français, commet en…2015, un livre fort visionnaire, ayant pour titre ” Géopolitique du blé”.
Avant gardiste, Sébastien Abis alerte sur l’importance stratégique que prendra le blé dans le monde de demain. ” Le blé incarne à quel point une matière première alimentaire détermine la sécurité mondiale et l’évolution des rapports de pouvoir entre les rares pays qui en produisent et ceux, bien plus nombreux, qui ont recours aux marchés internationaux pour satisfaire leurs besoins. Car, c’est avec le blé que l’alimentation de base des populations s’est construite dans le temps. Quand [le blé] vient à manquer, c’est l’agitation et la peur. Il retrouve, le cas échéant, toute sa centralité politique”.
Analyse dont la pertinence éclate aujourd’hui aux yeux de tous à la faveur de la guerre Russo-Ukrainienne. Lorsque Vladimir Poutine évoque l’éventualité de l’usage de l’arme nucléaire contre Kiev, presque tout le monde tremble de rire. Mais, lorsque le maître du Kremlin menace de faire échouer les accords sur les exportations de blé ukrainien, alors là le monde tremble de peur.
L’ouvrage, ”Geopolitique du blé, de Sébastien Abis – salué par la distinction ”Prix du livre géopolitique du jeune auteur en 2017” – a servi de déclic à bien de nations, qui aujourd’hui subissent moins les aléas des cours du blé à l’international.
Comme on aimerait voir nos universitaires moins dans la gadoue, et plus dans l’analyse prospective!
Comme on aimerait les lire, dans des ouvrages pensant le Cameroun d’aujourd’hui et de demain.
Le rêve est permis !
