Panorama papers
Par Mon’Esse
«Tout en te réitérant mes vives et sincères félicitations pour ta brillante promotion politique, promotion qui nous honore tous, je voudrais en même temps t’annoncer que je ne suis pas en capacité de t’accompagner dans ta lourde et exaltante mission.»
Ainsi débute la correspondance de l’ex-ministre camerounais de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Michel Ange Angouing à son successeur et également natif de la région de l’Est, Joseph Le.
Désormais conseiller technique au ministère de la Justice (Minjustice), l’ex-membre du gouvernement reprocherait à son cadet, désormais membre titulaire du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) et chef de la délégation permanente régionale du même parti pour l’Est, des tacles, crocs-en-jambe et coups de poignard dans le dos.
«Ta mission principale c’est de t’assurer qu’aucune voix ne manque au décompte final. Ta mission c’est d’éviter que tes décisions embarrassent ou divisent. Qui mieux que toi, le désormais chef politique de la grande région de l’Est, sait que le Rdpc est un parti de rassemblement ? Je me méfie beaucoup des effets de manches et des mouvements de foule. Le griotisme n’est pas toujours le reflet de l’âme.»
Originaire de la localité d’Abong Mbang, comme son désormais ennemi intime, M. Angouing précise, à l’intention de celui qui l’a remplacé au Minfopra depuis 2018, être quelqu’un de vrai et de franc.
«Par la grâce de Dieu, je n’ai pas connaissance d’avoir taclé, raclé, ou poignardé volontairement un frère ou une sœur de ma région ou d’ailleurs.»
Affirmant avoir le sommeil tranquille et continuant de servir la République avec sérénité, là où le chef de l’Etat a bien voulu le placer après sa sortie du gouvernement, Michel Ange Angouing, pour ne pas l’embarrasser, prie Joseph Le de le retirer de la délégation permanente départementale du Rdpc pour le Haut Nyong afin de lui éviter, à n’en point douter, «d’oublier» son «frère jumeau» dans ses décisions souveraines.
Et démettre cette menace silencieuse, à la veille d’une élection présidentielle prévue en octobre :
«Souvenons-nous cependant que dans le secret de l’isoloir, seul devant Dieu et face à sa conscience, chacun de nous a une voix, une seule voix, quel que soit son rang ou son statut social. Toutes les voix comptent.»
Le 19 mars 2019, dans le groupe Whatsapp dénommé «Bouane o Doumaintang» (les enfants de Doumaintang), ce magistrat hors échelle exprimait déjà son angoisse quant à des faits et gestes atttribués à ses détracteurs locaux, membres du Rdpc :
«La gestion actuelle des ressources humaines de notre région est vexatoire et s’apparente à des règlements de comptes. Je voudrais inviter les auteurs à se ressaisir. Ma réserve et mon silence ne sont pas synonymes de faiblesse mais la manifestation de l’amour que j’éprouve pour chacune et chacun de vous…»
Clairement accusé M. Angouing d’avoir écarté de leurs postes tous ses proches laissés au Minfopra, Joseph Le se plaignait de voir ainsi «persécutés» tous ceux de ses frères et sœurs ayant bénéficié de ses petites attentions.
Et de laisser tomber :
«Nous sommes tous fils de cette région et personne ne peut prétendre en être le chef ! Les ministres en poste, vos faits et gestes pourraient embarrasser nos parents dans leurs convictions.»
