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Cameroun > Présidentielle 2025: Ces ministres qui ont osé défier le président Biya

En 43 ans de règne, le président de la République, maître du jeu politique au Cameroun, a enregistré quatre cas de démissions de membres du gouvernement, passés tous dans l’opposition. Parmi ceux qui ont fait défection, deux l’ont déjà affronté à l’élection présidentielle, tandis qu’un troisième a vu son ambition suprême contrariée, et qu’un quatrième se prépare à le défier pour l’échéance prévue au mois d’octobre prochain.

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Par Sandra Embollo Avec Rfi

Ce ne fut que la confirmation d’une rumeur persistante, perçue au départ, comme un ballon d’essai politique. Le 24 juin 2025, Issa Tchiroma Bakary, jusque-là, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle depuis 2019, annonce sa démission du gouvernement. Il met ainsi fin à sa troisième vie au sein de l’appareil gouvernemental, après avoir occupé les portefeuilles des Transports (1992-1996), et de la Communication (2009-2019).

Dans la foulée, à 75 ans, le leader du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) et ancien porte-parole du gouvernement, annonce sa candidature à l’élection présidentielle prochaine, convaincu que «  le moment est venu pour le régime en place de se retirer avec dignité ».

L’ancien opposant farouche au régime de Paul Biya retrouve ainsi sa verve d’antan, déployée lors des « années de braise », alors que les luttes pour l’instauration de la démocratie battaient leur plein dans les années 1990. Ce faisant, il allonge la liste des membres du gouvernement qui, dans un contexte où la démission d’un ministre relève de l’évènement, ont quitté leurs fonctions, décidé de briguer la magistrature suprême, et d’affronter l’actuel chef de l’État.

Candidats au risque de finir en prison

Novembre 2011. Maurice Kamto, ministre délégué auprès du ministre de la Justice, démissionne de ses fonctions. Cet universitaire respecté et juriste de réputation internationale est un ancien soutien de l’opposant John Fru Ndi qui fut le candidat d’une coalition de partis politiques et d’associations sous la bannière de l’Union pour le changement à la présidentielle d’octobre 1992. Maurice Kamto se désole de la situation du Cameroun qu’il décrit comme «  une nation naguère rayonnante de prospérité, crainte, respectée dans sa zone d’influence naturelle et au-delà, désormais banalisée, débordée de toutes parts dans l’indifférence, ou peut-être l’impuissance »,   

Dès 2012, il est porté à la tête du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), dont il est le porte-étendard à l’élection présidentielle d’octobre 2018. Il est classé deuxième derrière Paul Biya, selon les résultats officiels que le Mrc conteste vigoureusement, en organisant une marche pacifique qui se solde par l’arrestation de nombreux militants, et l’incarcération, pendant neuf mois, de son président et de quelques-uns de ses lieutenants. Déterminé à incarner l’alternance « dans la paix et par les urnes », Maurice Kamto, 71 ans, entend de nouveau se présenter à la présidentielle de cette année, en dépit de polémiques juridico-politiques autour de la recevabilité de sa candidature.

S’il y a un leader dont l’absence de candidature à cette échéance électorale semble acquise, c’est Titus Edzoa. Chirurgien ayant fait partie du « premier cercle » du président Biya pendant de longues années, ancien secrétaire général de la présidence de la République, membre du gouvernement à plusieurs reprises, il démissionne de sa fonction de ministre de la Santé publique en avril 1997. Évoquant « le constat dramatiquement désolant sur les plans institutionnel, économique, social, culturel » à l’heure du bilan de son engagement pour le régime en place, il déclare, par la même occasion, son intention de se porter candidat à l’élection présidentielle de cette année-là. Cette ambition politique est contrariée, du fait du déclenchement d’une série de procédures judiciaires à son encontre, officiellement pour « détournement de fonds publics ». Condamné, il passe dix-sept ans en prison, avant de bénéficier de la grâce présidentielle en 2014. Depuis lors, il suit d’un œil vigilant la vie du pays, et sa gouvernance qu’il lui arrive de critiquer sur bien des aspects.

Le précédent de 1992

Mais l’acte inaugural de ce scénario politique qui articule démission du gouvernement et passage à l’opposition, sous le régime de Paul Biya, est posé par Garga Haman Adji. Alors qu’il est ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, il rend son tablier, en août 1992. « Je ne me sens plus en mesure de continuer à supporter les blocages de mes initiatives par la hiérarchie ; tout autant que l’annihilation de mes efforts dans la recherche de la transparence dans la gestion de la chose publique ou la mise en veilleuse des sanctions prononcées à l’encontre des auteurs de malversations et d’atteinte à la fortune publique », révèle-t-il dans sa lettre de démission. Il rejoint la coalition menée par John Fru Ndi à l’élection présidentielle d’octobre. Par la suite, sous les couleurs de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (Add), il se présente aux présidentielles de 2004, 2011, et 2018, au terme desquelles il est classé, respectivement, 4e, 3e et 6e. À 81 ans, M. Garga, n’a pas encore dévoilé ses intentions pour le rendez-vous électoral d’octobre.

En attendant, les experts analysent diversement ces trajectoires politiques.

« Il y a chez les ministres démissionnaires une volonté de défection leur permettant de signifier leur prise de distance avec le leader présidentiel, son équipe gouvernementale et sa coalition gouvernante. Il y a aussi une volonté de convertir les ressources accumulées du fait de leur statut de membre du gouvernement en capitaux de personnalités ».

analyse Mathias Eric Owona Nguini, sociopolitiste à l’université de Yaoundé II-Soa.

« Les défections individuelles apparaissent comme des stratégies de repositionnement politique, souvent plus opportunistes qu’idéologiques, et servent à légitimer le système en donnant l’illusion d’une compétition pluraliste tout en renforçant paradoxalement le statu quo »

explique, pour sa part, Michel Oyane, politologue dans la même institution.

À quelques mois de l’élection présidentielle, qui peut parier que la scène politique en a terminé avec ses rebondissements spectaculaires ?  Déjà, M. Bello Bouba Maïgari, 78  ans, ministre d’État chargé du Tourisme et des Loisirs, président national de l’Union nationale pour la démocratie et du progrès (Unpd, allié du Rdpc), et déjà candidat déclaré au scrutin à venir, ne fait plus mystère de sa volonté de remettre sa démission au président Biya.

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