Par Joseph OLINGA N.
Alors que la contestation contre l’attribution d’un énième mandat à Paul Biya s’intensifie, le président âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 42 ans, sans discontinuer, multiplie des artifices pour défier la volonté populaire. Après Elections Cameroon (Elecam), la Commission de recensement des votes a validé les résultats contesté de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, ouvrant désormais la voie au Conseil constitutionnel pour valider le résultat contesté par les partis politiques ayant pris par au scrutin.
Mais, surtout, une opinion qui, plus que par le passé, s’est assurée de collecter et enregistrer les résultats sortis des urnes. Face à la contestation montante, les officines du pouvoir ont maladroitement laissé fuiter des résultats qui donne le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Paul Biya gagnant de l’élection avec un score de 53% contre environ 30% pour le candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), Issa Tchiroma Bakary.
Des données inversées par les organismes dont la proximité avec le pouvoir est un secret de polichinelle. Mais aussi complètement maquillées par les officines au service du chef de l’État sortant. Les résultats des compilations effectuées par les partis en course pour l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, confortées par celles d’organismes indépendants donne le candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) gagnant de l’élection présidentielle avec plus de 60% des suffrages valablement exprimés par les électeurs tandis que le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Paul Biya arrive en deuxième position – sur les douze candidats en lice – avec un score d’environ 30% des voix régulièrement comptabilisées.
Passage en forceLa différence des chiffres n’emousse pas pour autant la détermination des lieutenants du président à manoeuvrer pour imposer au peuple leurs résultats malgré la clameur qui réclame les résultats vrais issus des urnes. Interpellations, incarcérations, jugements au faciès, intimidations, restrictions des libertés fondamentales…rien n’est de trop pour les fantassins du président, décides à casser la corde de la patience et de la résilience du plus grand nombre des camerounais. Des manœuvres paradoxalement entretenues sur le discours de la préservation de la paix que les affidés du chef de l’État sortant scandent tout en amplifiant l’injustice et l’arbitrage. Dans ce jeu pour le moins cynique, le président et ses hommes ne font pas l’économie d’une rethorique outrageusement ethnicité et tribaliste pour opposer les composantes socio-culturelles entre elles.
Entreprise heureusement loun de déstructurer les liens entre les camerounais qui font depuis des lustres les frais de la misère ambiante et qui subissent au quotidien les affres de la mal gouvernance institutionnalisée qui affectent les coins et les recoins des dix régions que compte le pays. Un héritage commun vécu dans une résilience excessive par un peuple exsangue par 43 ans de règne de l’homme du Renouveau dont l’héritage assumée est l’édification du clientélisme ainsi que la promotion de la corruption du sectarisme établies en mode de gouvernance.
Même au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), lecparti politique dont Paul Biya est l’alpha et l’oméga est plongé dans l’incertitude. Officiellement affublé d’une étiquette démocratique, le parti montre au fil des jours des signes d’un grand malade dont le fil d’argent est considérablement entamé. Laboratoire des inégalités sociales et économiques, le parti créé par Paul Biya, il y a quarante ans, s’étiole sous le regard impuissant d’une masse d’adeptes dont nombreux y restent encore par habitude. Sous cape se chuchoté la nécessité de renouveler le leadership d’une formation politique qui ne manque pourtant pas d’intelligences et de compétences.
Déni de démocratie Obnubilé par la conservation du pouvoir, par tous les moyens, le président et ses hommes n’hésitent pas à opposer l’armée aux forces du maintien de l’ordre. Au pif des cadres et hommes de rangs sont accusés de connivence avec le peuple qui revendique la prise en compte réelle des principes et l’implémentation des règles démocratiques qui fondent le socle national.
A l’observation, la posture du chef de l’État sortant, Paul Biya, apparaît à bien des égards comme une volonté manifeste d’ignorer une fois de plus (une fois de trop?) la volonté d’un peuple à bout et résolu à fixer le curseur de la démocratie, du développement et du vivre-ensemble. Ultime chantier d’un président honni par les urnes et poussé à partir par la clameur populaire, Paul Biya, candidat malheureux à l’élection du 12 octobre dernier semble volontairement oeuvrer à la déstructuration de la cohésion sociale. Unique acquis préserve par un peuple qui se sait lié par un destin commun. Un acquis loin d’être mis à l’actif d’un système ou d’un homme qui semble oeuvrer à détruire tous espoirs des lendemains meilleurs chez ses concitoyens.
